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Petite enfance : des annonces « fortes » attendues

Petite enfance : des annonces « fortes » attendues
Publié le 12/05/2023
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Si le gouvernement ne prend pas rapidement des mesures pour l’accueil du jeune enfant, le collectif Pas de bébés à la consigne appellera à la mobilisation le 6 juin prochain.

Que va donc sortir de son chapeau le gouvernement dans le cadre de la « garantie d’accueil » promise à partir de 2024 ? Les semaines passent et l’agenda du ministre des Solidarités Jean-Christophe Combe reste vide. La restitution du Conseil national de la refondation (CNR) petite enfance a été annulée le 4 mai sans explications, et les représentants de l’accueil commencent à s’impatienter sérieusement, à la suite de la publication du rapport de l’Igas pointant les maltraitances institutionnelles en crèche.

Ainsi, le collectif Pas de bébés à la consigne, dans un communiqué du 10 mai 2023, demande au gouvernement de « prendre maintenant des mesures concrètes » pour l’accueil des jeunes enfants. Dans le cas contraire, il prévient que les professionnels seront de nouveau appelés à se mobiliser dans la rue le 6 juin prochain.

Changement de ton

À la suite du rapport de l’Igas, le ton des organisations représentatives a changé. Auparavant centrées sur les conditions de travail et d’accueil et longtemps réticentes à pointer les situations de maltraitance, par crainte d’une stigmatisation des professionnels qu’elles représentent, elles n’hésitent plus à les nommer telles quelles.

En témoigne aussi le soutien du Syndicat national des professionnels de la petite enfance (SNPPE) et de la Fédération nationale des éducateurs de jeunes enfants (FNEJE), non pas à des professionnels, mais à des parents qui seront en procès contre deux salariées du groupe de crèche People & baby le 15 mai prochain au tribunal correctionnel de Lille.

« Que ce soit dans les cas de maltraitance institutionnelle que l’IGAS démontre dans son rapport et qu’il n’est plus possible de minimiser ou parfois des cas de maltraitance individuelle, la FNEJE et le SNPPE encouragent les professionnel.les et les parents dans la mise en exergue des faits de maltraitance afin que les politiques publiques prennent enfin la mesure des enjeux et apportent les réponses adéquates » écrivent les fédérations dans un communiqué.
 

Le secteur se politise

Le secteur de la petite enfance sort actuellement de l’ombre dans lequel il était resté pendant trop d’années, années pendant lesquelles l’accueil collectif s’est considérablement dégradé, pendant lesquelles l’accueil individuel a commencé à se vider de ses forces vives.

Alors que la prochaine Convention d’objectifs et de gestion (COG) entre l’État et la branche famille est en cours de discussions, que le gouvernement doit enfin dévoiler sa feuille de route pour le service public de la petite enfance, les professionnels s’expriment, les enquêtes journalistiques se multiplient. La délégation aux droits des enfants de l’Assemblée nationale auditionne les acteurs de la petite enfance, et le sujet de la croissance du secteur privé lucratif et ses dérives potentielles, pointées par les rapporteurs de l’Igas, deviennent un sujet politique, sous la houlette du député LFI William Martinet qui a récemment déposé une proposition de résolution pour la création d’une commission d’enquête.
 

Baisse historique des naissances

Un secteur plus médiatisé et plus politisé donc, sur fond d’une autre donnée majeure : la baisse historique des naissances, seulement 1816 en mars 2023, soit le niveau le plus faible enregistré depuis 1994, première année de disponibilité des données mensuelles de l’Insee. La difficulté de concilier vie professionnelle et vie familiale, l’une des premières fonctions des modes d’accueil, a-t-elle un impact ? Le sujet est multifactoriel et les démographes avancent plusieurs hypothèses. Mais disposer d’un secteur de l’accueil du jeune enfant solide constitue sans aucun doute un enjeu majeur.