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Lire des histoires aux enfants favorise l’empathie

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Publié le 14/02/2020
Catherine Piraud-Rouet
Journaliste spécialisée en puériculture et éducation
Selon plusieurs études, lire des livres de fiction à un enfant accroît ses capacités à ressentir et comprendre les émotions de ses proches, mais aussi ses propres émotions. La clé vers un relationnel plus harmonieux.

Nouer des liens sociaux nécessite d’être capable de comprendre ce que les autres pensent et ressentent, et d’ajuster son comportement à la situation. Autant de qualités que la lecture de fictions littéraires aiderait les enfants à acquérir, en leur permettant de mieux identifier les émotions, pensées et sentiments exprimés par autrui. C’est ce que révèlent trois études étrangères récentes, synthétisées lors d’un article du site The Conversation publié en novembre dernier.
 

L’influence positive plus porteuse que les conséquences négatives

Un article publié en 2014 par le chercheur canadien en développement Kang Lee et son équipe dans le journal Psychological Science relate une étude menée auprès de 266 enfants âgés de 3 à 7 ans. Il s’agissait de déterminer si l’écoute d’histoires morales pouvait influencer leur honnêteté. Une expérimentatrice feignait de devoir s’absenter quelques minutes et priait chaque enfant de ne pas se retourner pour voir l’objet qu’elle venait de poser sur une table. À son retour, elle lisait une histoire à l’enfant, puis lui demandait s’il avait suivi sa consigne.

Parmi les bambins qui s’étaient retournés, ceux qui avaient suivi George Washington et le cerisier une histoire qui expose les conséquences positives de l’honnêteté – avaient dit la vérité en plus grande proportion que ceux d’un groupe contrôle ayant écouté Le lièvre et la tortue. Par contre, ceux ayant écouté les histoires Le garçon qui criait au loup et Pinocchio, qui soulignent les conséquences négatives du mensonge, ne s’étaient pas montrés plus honnêtes que les autres. En clair : l’influence positive de l’honnêteté a plus d’effets sur les enfants que l’exposé des conséquences négatives du mensonge.
 

Le réalisme des histoires, facteur majeur pour déclencher l’empathie

Dans une autre étude publiée en 2017 dans le journal Developmental Science, la même équipe a analysé dans quelle mesure les histoires relatant les comportements d’animaux anthropomorphisés (à savoir agissant comme des humains) pourraient inciter de jeunes enfants à la générosité.

Pour ce faire, il était demandé à des participants de 4 à 6 ans de choisir dix autocollants parmi une centaine. On indiquait ensuite à chacun qu’un autre enfant du même âge n’avait pas été retenu pour l’étude – et, par conséquent, n’aurait pas d’autocollants. Et l’on suggérait à l’enfant de donner quelques-uns de ses autocollants à celui qui en avait été privé.

La même procédure fut appliquée après l’écoute de l’histoire. On distinguait trois conditions expérimentales : une dans laquelle l’histoire racontait le comportement généreux d’un animal anthropomorphisé vis-à-vis d’autres ; une relatant la même histoire, en remplaçant les animaux anthropomorphisés par des humains) ; une condition « contrôle », dans laquelle l’histoire ne traitait pas d’interactions humaines.

L’étude a montré que les enfants devenaient significativement plus généreux après avoir écouté l’histoire de la condition « humain » que face aux deux autres cas. Sa conclusion : les histoires réalistes, dans lesquelles il est plus facile de se projeter mentalement, sont plus à même d’exercer un effet significatif sur la générosité des enfants de ces âges.
 

Un effet bénéfique sur le vocabulaire émotionnel

Une étude allemande de 2014 a, elle, étudié les effets sur les compétences émotionnelles d’enfants de 7 ans à 9 ans d’un programme d’entraînement autour de la littérature, intitulé « Lire et Ressentir ». Il s’agissait de lire en plusieurs fois un livre choisi pour sa richesse émotionnelle et d’effectuer des activités encadrées par des moniteurs, portant sur les différentes dimensions des émotions. Comparativement à un groupe contrôle d’enfants n’ayant pas suivi ce programme, une amélioration significative des niveaux de vocabulaire émotionnel, de connaissances émotionnelles explicites et de reconnaissance d’émotions dissimulées a été mise en évidence.

 

Suggestion de lecture

Quelques livres à lire aux enfants pour développer le repérage de leurs émotions et leur empathie.

Jacques Salomé, Justine Brax

Contes pour grandir de l’intérieur

Albin Michel

2014

Stéphanie Couturier, Maurèen Poignonec

Le livre de mes émotions

Grund

2017

Antoine de Saint-Exupéry

Le Petit Prince raconté aux enfants

Gallimard Jeunesse

2015