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Des substances à risques dans les crèmes solaires pour enfants

rème solaire assistante maternelle
Publié le 20/07/2020
Catherine Piraud-Rouet
Journaliste spécialisée en puériculture et éducation
Aucun des 71 produits solaires pour enfants analysés par Wecf France et Agir pour l’Environnement n’est exempt de substances « préoccupantes » pour la santé. Les deux associations réclament l’interdiction des ingrédients les plus inquiétants, ainsi qu’un étiquetage plus lisible pour le consommateur.

Dans une vaste enquête publiée le 2 juillet, deux associations, Wecf France et Agir pour l’Environnement, tirent la sonnette d’alarme sur 71 produits solaires pour enfants, qui tous contiendraient, à des degrés divers, des substances dangereuses pour la santé.
 

Une méthodologie serrée

Entre mars et mai, les associations ont acheté 71 produits regroupant la plupart des marques vendues en grandes surfaces, pharmacies et parapharmacies, ainsi qu’en circuits bio. Elles ont décrypté les étiquetages et recensé dans la liste des ingrédients (filtres solaires et autres) les substances problématiques (perturbateurs endocriniens, nanoparticules ou allergènes, en particulier), en se référant aux données les plus récentes de la littérature scientifique.
 

Aucun produit n’est parfaitement sûr

Dans les 71 produits analysés, 29 substances problématiques ont été relevées. Dix d’entre elles sont « extrêmement préoccupantes » (ingrédients cancérogènes, neurotoxiques, perturbateurs endocriniens), sept « très préoccupantes » (notamment du fait qu’il s’agit d’allergènes) et douze « préoccupantes » (soulevant « des problèmes sanitaires ou environnementaux de moindre envergure »).

Aucun produit n’est totalement exempt de ces substances à risques. 41 sur 71 (soit plus d’un sur deux) contiennent au moins un ingrédient « extrêmement préoccupant », et 17 en contiennent au moins trois. Tandis que 9 font état d’un cocktail d’au moins dix. Et la sécurité des produits n’est pas proportionnelle au prix de vente. Le record du nombre de substances problématiques (15) est ainsi détenu par Lancaster, avec sa crème confort anti-sable SPF 50+, Sun for kids.
 

Le bio également sur la sellette

Les 13 produits bio analysés ne contiennent pas de substance « extrêmement préoccupante », exception faite de la crème enfant bio très haute protection filtres minéraux des laboratoires Biarritz, qui contient du dioxyde de titane et de l’oxyde de zinc sous forme nanoparticulaire.
 

Absence de respect de la législation sur les nanoparticules

Les associations ont aussi vérifié le respect par les fabricants de l’obligation d’information sur la présence d’ingrédients à l’état nanoparticulaire (particulièrement nocifs pour l’environnement). Elles ont fait analyser trois produits - un pour chaque circuit de vente - qui n’indiquaient pas cette présence sur l’emballage. Or, les trois produits analysés contiennent bien des nanoparticules : ils sont donc en infraction avec la réglementation sur les cosmétiques. Ce qui laisse aussi à craindre que de nombreux produits soient également dans ce cas.
 

Demande de mesures fermes

En conséquence de quoi les deux associations demandent :

- la saisine de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) pour évaluer le rapport bénéfices / risques des produits solaires pour enfants ;

- l’interdiction de toutes les substances « extrêmement préoccupantes », et notamment les produits en sprays ou brumes, s’ils contiennent des substances dangereuses en cas d’inhalation ;

- une action rapide de la Commission européenne pour réglementer les 28 perturbateurs endocriniens avérés ou suspectés utilisés en cosmétique et identifiés par elle comme prioritaires ;

- une action dissuasive de la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes et de l’Agence nationale de Sécurité du Médicament et des Produits de Santé pour obliger les fabricants à respecter la réglementation sur les cosmétiques par l’affichage de la présence de nanoparticules ;

- un étiquetage plus clair et compréhensible pour le consommateur.