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Décloisonner pour mieux prévenir les morts violentes d’enfants dans leur famille

violences intrafamiliales
Publié le 29/04/2019
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Un rapport publié le 25 avril analyse la situation de 363 enfants tués entre 2012 et 2016 par l’un de ses parents et émet une trentaine de recommandations afin de mieux prévenir les violences intrafamiliales.

Un enfant est tué par ses parents tous les cinq jours en France, soit 72 par an, selon cette étude menée par trois inspections générales – affaires sociales (IGAS), justice (IGJ) et administration de l’éducation nationale et de la recherche (IGAENR). Des chiffres probablement sous-estimés en raison des néonaticides non révélés et des meurtres non repérés et liés au syndrome du bébé secoué.
Plus de la moitié des victimes ont moins d’un an, ce qui confirme la grande vulnérabilité des premiers âges de la vie face aux violences intrafamiliales. Les parents biologiques sont majoritairement les auteurs : principalement les mères dans le cas des néonaticides (15 % des situations), et principalement les pères s’agissant du syndrome du bébé secoué (près de 24 % des cas). « Les troubles psychiatriques, les addictions et la monoparentalité sont présents dans une part importante des dossiers » selon le document.
L’étude détaillée de 45 dossiers judiciaires montre que 34 % des familles étaient connues de l’ASE avant les faits, et la moitié d’entre elles par d’autres services sociaux. Un quart des enfants décédés scolarisés, principalement en classe maternelle, avaient été repérés sur le plan scolaire, souffrant « de retards dans les apprentissages ou de problèmes de comportement » ou présentant « des absences injustifiées et nombreuses ». Dans la moitié des cas, plusieurs signaux d’alertes perceptibles n’ont pas été reliés entre eux.
Le rapport pointe donc des lacunes sur le repérage des situations à risque, l’évaluation du danger et la transmission des informations entre services, ainsi que sur la prévention. Il émet une trentaine de recommandations visant à décloisonner les services et les acteurs en lien avec les enfants -médecins, enseignants, travailleurs sociaux, juges -, et à mieux former tous les professionnels sur la question des maltraitances infantiles.

Référence
IGAS, IGJ, IGAENR, Mission sur les morts violentes d’enfants au sein des familles, Évaluation du fonctionnement des services sociaux, médicaux, éducatifs et judiciaires concourant à la protection de l’enfance, avril 2019