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Une nouvelle campagne ministérielle pour prévenir le syndrome du bébé secoué

Une nouvelle campagne ministérielle  pour prévenir le syndrome du bébé secoué
Publié le 18/01/2022
Catherine Piraud-Rouet
Journaliste spécialisée en puériculture et éducation
Adrien Taquet, secrétaire d’Etat en charge de l’enfance et des familles, a lancé le 17 janvier, au CHRU de Lille, une campagne de prévention contre le syndrome du bébé secoué (SBS). Objectif : informer sur les risques, potentiellement mortels de cet acte de maltraitance

« Chaque jour en France, un bébé est victime du syndrome du bébé secoué. Dans un cas sur dix, il va mourir. S’il survit, il gardera de graves séquelles ». Tel est le message glaçant, mais absolument salutaire, qui conclut un mini clip vidéo d’une vingtaine de secondes, constitué d’un plan fixe sur un écoute-bébé. On entend un nourrisson qui pleure et la voix d’un homme excédé, qui s’emporte contre lui. Puis survient un bref remous, avant que les pleurs de l’enfant ne laissent place au silence.

Une campagne lancée au CHU de Lille, innovant en la matière

La campagne « Stop bébé secoué », réalisée à l’initiative du Secrétariat d’État en charge de l’enfance et des familles et diffusée sur Internet à partir du lundi 17 janvier, vise à alerter le grand public sur cette maltraitance et ses conséquences. Une campagne lancée le 17 janvier par Adrien Taquet au CHRU de Lille, où un programme efficace testé et validé au Canada est mis en place, de manière encore inédite en France. Programme appuyé sur les mécanismes de perte de contrôle et de colère face au bébé qui pleure et qui pourrait contribuer à réduire cette maltraitance.

Cette campagne - qui s’inscrit dans le cadre du dispositif des « 1 000 premiers jours de l’enfant », est complétée par un kit de communication (affiche, dépliant, etc.) à l’attention des professionnels et des institutions de santé.
 

Plus de 200 bébés victimes chaque année

Selon l’association Stop Bébé Secoué, dans l’Hexagone, plus de 200 bébés seraient victimes de secouement chaque année. Un chiffre difficile à vérifier, car tous les cas ne sont pas recensés. Le ministère évoque « plusieurs centaines de cas chaque année », avec un pic d’incidence entre 2 et 4 mois. Selon l’association, « la plupart du temps le bébé à moins de 1 an, et dans deux tiers des cas moins de 6 mois ».
 

Des conséquences graves et irréversibles

Si le SBS est également appelé traumatisme crânien infligé par secouement (TCIS) ou non accidentel (TCNA), c’est parce que ces secousses, bien plus violentes que celles que l’on peut déclencher en jouant avec un nourrisson, provoquent une hémorragie en nappe autour du cerveau. Elles peuvent entraîner des pauses, voire un arrêt respiratoire, et donc un manque d’oxygène et des lésions cérébrales irréversibles, potentiellement gravissimes. D’après les études, un enfant sur cinq victime du SBS en décède. Parmi ceux qui survivent, 75 % garderont des séquelles qui peuvent être multiples et très handicapantes : intellectuelles, comportementales, visuelles (pouvant aller jusqu’à la cécité complète), motrices (paralysies, épilepsie...).

Un phénomène plus que jamais tristement d’actualité

En dépit de plusieurs campagnes antérieures (dont une qui mettait en scène Le Chat de Philippe Geluck), le geste de secouer un bébé ou un jeune enfant qui pleure pour le « faire taire » n’a pas diminué. Au contraire, sa fréquence a même augmenté ces dernières années, en corrélation, peut-être, avec l’épuisement et la nervosité de certains parents éprouvés par la crise sanitaire. L’Île-de-France a ainsi été confrontée à une hausse inédite du nombre de bébés secoués au premier trimestre 2021, avec des blessures également plus graves. Par ailleurs, le taux de récidive est élevé : 50 % des enfants secoués le sont à nouveau au moins une seconde fois.

 

Adopter les bons réflexes, en prévention comme en réaction

Face à ce phénomène difficile à détecter et à prévenir, car il touche tous les milieux socio-économiques et culturels, il est indispensable d’adopter les bons réflexes. Si on sent que l’énervement monte face à des pleurs incessants ou la trop grande agitation d’un enfant en bas âge, ne pas hésiter à s’éloigner de lui en le laissant sur le dos dans son lit, où il est en sécurité, le temps de souffler ou d’appeler un soutien. Ni à demander de l’aide, de l’entourage ou de professionnels.

Et si le mal est fait, réagir dans l’urgence face aux symptômes immédiats : pâleur, irritabilité, somnolence, vomissements, tremblements ou convulsions, difficultés ou arrêt respirer respiratoire, perte de conscience, léthargie… Contacter les secours médicaux d’urgence, mettre le bébé en position latérale de sécurité et s’assurer qu’il n’a pas de fièvre.

Contacts utiles :

►Ligne « Allô Enfance en danger ». Joignable au 119, 24h/24 et 7j/7.
► Ligne « Allo Parents Bébé » de l’association Enfance et Partage. Joignable au 0 800 00 34 56, du lundi au vendredi de 10h à 13h et de 14h à 18h.