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Repenser l’accueil pour les enfants en situation de pauvreté

Repenser l’accueil pour les enfants en situation de pauvreté
Publié le 02/05/2023
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Défiance à l’égard des assistantes maternelles, crainte du contrôle social : une étude du Credoc préconise d’instaurer un « contrat de confiance » pour renforcer l’accès des jeunes enfants en situation précaire aux modes d’accueil.

En France, seules 24% des familles vivant sous le seuil de pauvreté ayant au moins un enfant de moins de 3 ans recourent à un ou plusieurs modes d’accueils formels ou dispositifs de conciliation entre vie familiale et vie professionnelle. Cette faible proportion fait de l’Hexagone un mauvais élève européen, derrière les Pays-Bas, l’Allemagne, la Suède, ou encore le Danemark.

Une étude publiée le 28 avril par France Stratégie et réalisée par le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc) en collaboration avec le sociologue Pierre Moisset, analyse les causes de cette situation en partant des besoins et du point du vue des parents concernés, par le biais de 44 entretiens menés essentiellement avec des femmes dans l’Aveyron et en Seine-Saint-Denis.

Leur point commun : « la distance aux modes d’accueil, qui ne sont pas perçus immédiatement comme étant positifs ou souhaitables pour les enfants, et la défiance envers les intervenants extérieurs suspectés de pouvoir juger et dénoncer la situation de la famille ».

Réticence envers l’accueil individuel

S’agissant des assistantes maternelles, l’étude montre qu’au-delà des freins liés au coût et à la complexité du statut de parent employeur, les familles interrogées peinent à faire confiance à « une autre femme, qu’elles ne connaissent pas ».

« Dans cette réticence, on sent surtout l’impossibilité d’envisager l’accueil par une autre personne pouvant nouer une relation personnalisée, privilégiée avec l’enfant. On a le sentiment que ces femmes ont une sensation de fragilité dans leur lien à leur enfant. Une fragilité qui n’autorise pas l’exposition de l’enfant à des liens personnalisés en dehors de la famille » relève l’étude.

L’auteur émet quatre préconisations : mieux démontrer les bénéfices des modes d’accueil auprès de ces parents, accueillir les parents pendant les temps d’accueil, créer un référentiel commun avec les parents sur les attentes autour du développement de l’enfant, mieux outiller les acteurs chargés de la gouvernance territoriale de l’accueil du jeune enfant