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Protection de l’enfance dans le Nord et la Somme : saisine de la Défenseure des droits

Protection de l’enfance dans le Nord et la Somme : saisine de la Défenseure des droits
Publié le 15/11/2022
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Face à la « situation alarmante » de la protection de l’enfance dans ces deux départements, Claire Hédon déclare aujourd’hui saisir d’office son institution pour dresser un état des lieux.

La secrétaire d’État à l’enfance Charlotte Caubel lançait hier la semaine des droits de l’enfant, à l’occasion de la journée internationale le 20 novembre prochain. Elle annonçait notamment dans un communiqué la création d’un comité interministériel à l’enfance (CIE) par la première ministre Elisabeth Borne, avec « pour objectifs d’impulser, de porter collectivement et de coordonner des chantiers communs, au premier rang desquels la protection de l’enfance ».

Les chantiers, dans le secteur, ne manquent pas. La Défenseure des droits Claire Hédon vient de le rappeler ce matin en déclarant se saisir d’office de la « situation alarmante » de la protection de l’enfance dans le Nord et la Somme.

« Etat dramatique »

Dans le Nord, 12638 enfants étaient confiés à l’Aide sociale à l’enfance fin décembre 2020, ce qui en fait de loin le département accueillant le plus important nombre d’enfants placés, et par ricochet le plus important nombre d’assistants familiaux*. La situation très difficile de la protection de l’enfance y est dénoncée depuis de longues années par les professionnels.

Dans la Somme, 2358 enfants étaient confiés à l’ASE fin décembre 2020.

« Manque de places en foyer et d’assistants familiaux, placements non exécutés, mesures d’assistance éducative en milieu ouvert prises en charge dans des délais pouvant excéder 6 mois, et ruptures dans les parcours des enfants » : ces situations « extrêmement préoccupantes » rapportées récemment par des juges des enfants des deux départements ont déclenché cette saisine.

Mais c’est bien l’ensemble de « l’état dramatique » du secteur qui alarme de nouveau la Défenseure des droits.
 

Mauvaises conditions de travail

Nombre de places insuffisantes, augmentation des mises en danger se multiplient, manque de professionnels : « malgré un investissement souvent considérable de ces professionnels, leurs conditions de travail ne leur permettent plus de mettre au cœur de leurs actions l’intérêt supérieur de l’enfant. Les métiers de la protection de l’enfance n’attirent plus suffisamment, ce qui met à mal la stabilité des parcours des enfants et la connaissance fine de leurs besoins fondamentaux individuels » écrit Claire Hédon.

Elle critique aussi la mise en application des réformes successives de la protection de l’enfance qui ne fait pas l’objet d’une « réelle réflexion nationale et locale ». Ainsi « tiraillés entre la nécessité d’appliquer des textes parfois complexes et l’insuffisance des moyens qui leur sont donnés, les travailleurs sociaux en relation directe avec les familles et les enfants, peuvent ne plus percevoir le sens de leur mission et se trouvent malmenés par des injonctions contradictoires ».

Avec cette saisine, Claire Hédon souhaite dresser un « état des lieux précis et adresser des recommandations tant aux départements qu’aux services de l’Etat ». Un document qui s’ajoutera à la pile de rapports, avis et autres recommandations qui s’accumulent dans le secteur.

* Source Direction de la recherche, des études de l’évaluation et des statistiques (Drees)