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Pourquoi bercer les bébés les apaise : plusieurs études lèvent le voile

bercement bébé
Publié le 04/12/2020
Catherine Piraud-Rouet
Journaliste spécialisée en puériculture et éducation
Plusieurs études récentes donnent des pistes pour comprendre pourquoi le bercement apaise les nourrissons. Celui-ci agirait comme une accoutumance signalant l’absence de danger. Il induirait aussi une meilleure synchronisation des ondes cérébrales du sommeil, via la stimulation du système vestibulaire.

On sait, de temps immémoriaux, que le bercement est la méthode quasi-imparable pour calmer et endormir un nourrisson. Mais jusqu’à peu, les explications à cette constatation relevaient avant tout de la supposition. En particulier, que le bercement était une manière de ramener le bébé aux apaisantes sensations de flottement expérimentées dans le ventre maternel. De récentes études apportent enfin un éclairage scientifique à ce phénomène.
 

Phénomène d’« habituation », fondamentalement rassurant

Dans une étude parue le 1er décembre 2020 dans la revue Cell Reports, des chercheurs de l’université Thomas Jefferson (Etats-Unis) ont émis l’hypothèse que ces vibrations endorment les enfants grâce à « l’habituation », soit la forme la plus simple de l’apprentissage. Pour asseoir leur démonstration, ils ont étudié des mouches à fruits, dont les cerveaux sont similaires à ceux des humains. Quand ces insectes sont soumis à des vibrations répétées, ils dorment plus longtemps et plus profondément, car ils assimilent ces vibrations au signal qu'ils ne sont pas en danger. De même, selon les chercheurs, les stimuli doux et répétitifs et les vibrations (celles du roulement d’une voiture, par exemple) imprègnent l’esprit des tout-petits comme une habitude qui leur fait baisser leur garde : ce qui les mène plus facilement au sommeil. Par ailleurs, soumises à des vibrations, les mouches sont moins facilement réveillées par les impulsions lumineuses. Et une fois réveillées, elles sont aussi plus actives que d'ordinaire, du fait du sommeil de meilleure qualité induit par ces vibrations.
 

Endormissement deux fois plus rapide

Dès 2011, une étude menée par Sophie Schwartz, chercheuse en neurosciences à l'université de Genève, sur douze adultes considérés comme bons dormeurs, avait montré le double effet positif du balancement lors d'une sieste de 45 minutes. D’une part, la vitesse d'endormissement était deux fois plus rapide et d’autre part, le sommeil plus profond. Raison invoquée : en synchronisant certaines ondes lentes du cerveau, le balancement favorise un sommeil de qualité, mais aussi les activités cérébrales associées à la consolidation de la mémoire.

Meilleure synchronisation des ondes cérébrales du sommeil

Des conclusions confirmées et prolongées par deux autres études suisses en date du 24 janvier 2019, publiées par la revue scientifique en ligne Current Biology. Ces travaux ont montré qu’un bercement doux synchronise les ondes cérébrales, ce qui bonifie la qualité du sommeil. La première étude, basée sur l’observation de 18 volontaires adultes pendant deux nuits entières, a démontré l’impact du bercement sur les ondes cérébrales liées au sommeil. Selon Laurence Bayer, chercheuse à l’Université de Genève, les participants bercés « présentaient des périodes de sommeil profond plus longues et moins de micro-éveils, l’un des facteurs fréquemment associés à une mauvaise qualité du sommeil ». L’étude a aussi montré que le bercement a un effet sur la consolidation de la mémoire. Chaque participant devait apprendre plusieurs paires de mots avant de s’endormir et les répéter le lendemain matin. Or, le groupe ayant passé la nuit en mouvement enregistrait des scores deux à trois fois plus élevés.
 

Stimulation du système vestibulaire

La seconde étude, basée sur des souris, a mis en lumière le rôle essentiel du bercement sur la stimulation du système vestibulaire, un petit organe logé dans l’oreille interne et que partagent la majorité des mammifères (dont l’homme). Une fois stimulé, le système vestibulaire pousse à se synchroniser les ondes spécifiques au sommeil.
 

Attention à ne pas bercer trop fort

Le bercement le plus efficace est celui qui se rapproche du rythme des battements du cœur au repos, soit entre 60 et 70 oscillations par minute. Le tout devant toutefois rester cadencé et sans heurts. Pour rappel, un bercement trop énergique sur un jeune enfant peut s'avérer très dangereux (syndrome du bébé secoué).