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Lors des interactions, les cerveaux des bébés et des adultes se synchronisent

neuro-imagerie bébé
Publié le 24/01/2020
Catherine Piraud-Rouet
Journaliste spécialisée en puériculture et éducation
Lorsqu’un adulte interagit avec un tout petit, leurs ondes cérébrales respectives adoptent une fréquence similaire. C’est le résultat étonnant d’une récente étude américaine.

Une étude inédite l’université américaine de Princeton, publiée en décembre 2019 dans la revue Psychological Science, montre que lorsqu’un bébé et un adulte jouent ensemble ou ont un contact visuel, leurs cerveaux se synchronisent, passant, littéralement, sur la même longueur d’ondes.
 

Neuro-imagerie

Pour mener à bien cette expérimentation, l’équipe a mis au point un système de neuro-imagerie adapté à la fois aux enfants et aux adultes et capable de produire des images du cerveau. Le degré d’oxygénation de celui-ci a été le marqueur utilisé pour déterminer la présence d’activité neuronale.

Un panel de 18 enfants de 9 à 15 mois a participé à l’étude jusqu’à son terme, après éviction de 21 autres, trop agités ou qui ont refusé de porter l’équipement nécessaire. Un même adulte a joué avec eux, leur a chanté des chansons ou lu des histoires. L’expérience a été menée en deux temps. L’expérimentateur a d’abord joué avec l’enfant pendant cinq minutes, alors que celui-ci était installé sur les genoux de ses parents. Puis, dans un second temps, il s’est tourné de côté alors que le bébé jouait avec ses parents.
 

Le cortex préfrontal en première ligne

Des données en provenance de 57 canaux cérébraux ont été enregistrées. L’analyse de l’activité cérébrale a montré que durant les interactions en face-à-face, les cerveaux des adultes et des bébés étaient parfaitement synchronisés, cette activité augmentant ou diminuant de concert. Une synchronisation qui disparaissait, par contre, quand l’adulte et le bébé étaient séparés.

Les zones concernées sont celles associées à la compréhension de l’environnement, au traitement du langage et à la communication avec autrui. La synchronisation la plus forte a eu lieu dans le cortex préfrontal, une zone impliquée dans l’apprentissage, la planification et le fonctionnement exécutif. Ce dernier était jusqu’ici considéré comme peu développé chez les bébés. « L’on savait que les cerveaux des adultes se synchronisent lorsqu’ils regardent des films ou écoutent des histoires, mais très peu de choses étaient connues sur le développement de cette synchronisation neuronale dans les premières années de la vie », explique Elise Piazza, directrice de l’étude.
 

Boucle de rétroaction

De plus, lors des interactions, « l’adulte et l’enfant semblent former une boucle de rétroaction, expose Elise Piazza. Le cerveau de l’adulte semblait prédire quand les nourrissons souriraient, alors que le cerveau des nourrissons prévoyait quand l’adulte utiliserait plus le « langage de bébé », et les deux cerveaux traquaient le contact visuel et portaient une attention conjointe aux jouets. Donc, quand un bébé et un adulte jouent ensemble, leurs cerveaux s’influencent de manière dynamique ».
 

Perspectives prometteuses

La découverte est de taille : elle pourrait, à l’avenir, aider à la prise en charge de l’autisme ou à mieux comprendre les phénomènes intervenant dans l’apprentissage précoce des langues.