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Les bébés sont conscients d’être imités, et ils adorent cela !

imitation bébé assistante maternelle
Publié le 08/06/2020
Catherine Piraud-Rouet
Journaliste spécialisée en puériculture et éducation
Dès six mois, les bébés ont conscience d'être imités, et l’expérience leur plaît beaucoup, révèle une étude menée par l'université suédoise de Lund. Une confirmation de l’importance des interactions sociales dans le développement de l’enfant

Les bébés de six mois se rendent compte lorsqu'ils sont imités. Non seulement cette caricature de leurs gestes ne les agace pas, mais elle les rend plus amicaux avec la personne qui la réalise. C’est ce que révèle une étude menée par l’Université de Lund en Suède et publiée le 20 mai dernier dans la revue PlosOne.
 

Quatre types d’imitations différentes

Gabriela-Alina Sauciuc, chercheuse à l'Université de Lund, s'est rendue auprès de 16 nourrissons de six mois (5 filles et 11 garçons), à leur domicile. C’est là qu’elle a testé leur comportement, les enfants étant installés sur les genoux de leur mère et la chercheuse assise à la même table. Après l'avoir salué et appelé par son prénom, la chercheuse – parfaitement inconnue du nourrisson - commence alors à imiter les gestes de ce dernier, sous l’œil de trois caméras.

Lors de l'expérience, la jeune femme adopte quatre types d’attitudes différentes : elle imite le nourrisson comme un reflet dans le miroir ; elle imite ses gestes tout en conservant un visage neutre ; elle agit différemment du bébé ; elle répond à ses besoins lorsqu'il semble réclamer quelque chose, comme l’auraient fait la plupart des parents.
 

Les bébés « testent » l’adulte

En analysant le support vidéo, la chercheuse et son équipe ont remarqué que les bébés souriaient et regardaient plus longuement l'adulte lorsqu'il les imitait. Ils avaient également tendance à l'approcher plus facilement. L'étude révèle par ailleurs que lors des séances, les bébés ont largement « testé » la scientifique. Si l'enfant frappe la table et que l'expérimentateur l’imite, il réitère son geste à plusieurs reprises, tout en surveillant l'attitude de la chercheuse. Et cela, même si cette dernière conserve un visage impassible. Il accélère ou ralentit aussi ses mouvements en fonction de l’imitation reçue. Selon l’étude, il s’agit là, typiquement, de signes de test intentionnels de « la correspondance comportementale entre lui-même et l'imitateur. »
 

Imiter les bébés, levier de la création de liens

Les réactions les plus intenses se produisent lorsque la chercheuse imite aussi les attitudes faciales du bébé, créant un vrai mimétisme émotionnel. « Imiter de jeunes nourrissons semble être un moyen efficace de capter leur intérêt et de créer des liens avec eux. Les mères ont été assez surprises de voir leurs nourrissons se livrer joyeusement à des jeux d'imitation avec un étranger », pointe Gabriela-Alina Sauciuc dans un communiqué.
 

Façonnage culturel et partage des émotions

Ces travaux, même si limités dans leur ampleur et menés hors laboratoire, comblent un vide dans l’analyse de l’importance des interactions sociales du nourrisson. Jusqu’ici, on savait que les bébés se construisaient par l’imitation, mais cette étude comble les lacunes d'une hypothèse émise, mais jamais validée : grâce à une exposition fréquente à l'imitation, les bébés subissent une sorte de façonnage culturel et ils prennent conscience que les actions partagées mènent à des émotions partagées. « En prouvant que les bébés de six mois comprennent qu’ils sont imités et que cela a un effet positif sur les interactions, nous commençons à combler ces lacunes. Nous devons encore savoir quand exactement l'imitation commence à avoir de tels effets, et quel rôle la reconnaissance de l'imitation joue réellement pour les bébés », conclut Gabriela-Alina Sauciuc.