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Coronavirus : les représentants de l’accueil individuel réagissent

coronavirus assistante maternelle
Publié le 16/03/2020
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Fédérations et syndicats attendent des clarifications de la part du gouvernement après avoir été assaillis de questions ce week-end par les assistantes maternelles.

« C’est la folie dans les groupes d’assistantes maternelles sur les réseaux sociaux » résume Liliane Delton, secrétaire générale de l’Unsa Proassmat. Mobilisées par le gouvernement pour maintenir l’accueil des jeunes enfants, les professionnelles attendent de nombreuses précisions.

« Je leur dis qu’il faut qu’elles participent à l’effort national avec des précautions. Toutefois il va falloir davantage de clarté pour éviter les cafouillages comme sur la situation des MAM » poursuit-elle.

 

Cafouillage sur les MAM

Si le gouvernement a indiqué dès vendredi que les MAM resteraient ouvertes uniquement si elles accueillent moins de 10 enfants, l’arrêté publié le lendemain au Journal Officiel indiquait qu’elles devaient être fermées sans condition de capacité. Alerté par les fédérations, les syndicats et par L’assmat, le gouvernement a préparé un nouvel arrêté publié hier au Journal Officiel, mais qui laisse encore part au doute. Car il prévoit la fermeture des MAM du 16 au 29 mars 2020 « lorsque des agréments ont été délivrés pour l’accueil de plus de 10 enfants ».

« Cet arrêté nous pouvons l’interpréter de mille façons, nous avons interpellé le gouvernement et nous attendons des précisions », décrit Lydia Loisel, secrétaire générale du SPAMAF. Elle témoigne par ailleurs de nombreuses professionnelles « en panique » qui ont décidé d’arrêter de travailler par crainte d’être contaminées par le virus. « Mais elles ne percevront aucun salaire conformément à la convention collective » regrette-elle, craignant également « un burn-out » des professionnelles mobilisées.

Interrogé par L'assmat , le ministère confirme que l'activité de toutes les MAM disposant d'un agrément pour plus de dix enfants est suspendue, même si celles-ci s'engagent à réduire le nombre d'enfants accueillis.

Manque de communication

Pour Nathalie Dioré, secrétaire générale de la CSAFAM, c’est aussi le sentiment d’un « cafouillage total » qui domine. « Entre la position sur les MAM qui n’est pas claire, les départements qui prennent les mesures qu’ils veulent, les annonces liées au chômage partiel mais sans aucune précision, cela relève du mépris pour la profession » tranche-t-elle.

« Nous sommes alertées par des centaines de personnes qui nous posent des questions et nous avons peu de réponses, souligne Sandra Onyszko, porte-parole de l’UFNAFAAM. Ce qui nous alerte surtout c’est le manque de communication du gouvernement et des services de l’État. Nous comprenons que chacun soit mobilisé, mais si nous-mêmes en tant que responsables de réseaux nous n’avons pas les informations, comment pouvons-nous informer et rassurer les professionnelles ? »

 

Bon sens et adaptation

Pour Marie-Noëlle Petitgas, co-présidente de l’ANAMAAF, la situation évoluant d’heure en heure il faut « que chacun soit responsable et compréhensif, fasse preuve d’adaptation car la situation est grave ». Elle interpelle toutefois le gouvernement, en cas de mesures de confinement à venir, sur le fait que « pour les assistantes maternelles et familiales, les lieux de confinement sont nos lieux de travail, c’est-à-dire notre domicile. Nous ne devons pas être oubliés mais accompagnés ». Elle invite aussi les assistantes maternelles qui souhaiteraient accueillir jusqu’à six enfants de moins de trois ans à faire attention : « si votre conjoint est en télétravail, si vous avez aussi vos propres enfants, cela fait beaucoup. Il faut faire preuve de bon sens ».

 

Droit de retrait

Stéphane Fustec, représentant national de la CGT-Services à la personne, voit d’un bon œil l’annonce de dispositions de chômage partiel tout en attendant d’en connaître les conditions concrètes. « Nous avons alerté le gouvernement sur la nécessité d’instaurer un droit de retrait pour les assistantes maternelles qui souffrent de maladies chroniques, où dont l’un des membres de la famille est dans ce cas. Nous attendons la réponse, car c’est un vrai trou dans la raquette » indique-t-il.

De son côté la Fepem, dans un communiqué publié le 13 mars, indique qu’elle souhaite « garantir la continuité de l’activité des salariés et des assistants maternels du particulier employeur ». La Fédération approuve les dérogations pour l’accueil de six enfants de moins de trois ans et demande « que les services de protection maternelle et infantile soient pleinement mobilisés dans les départements pour former et accompagner les parents, les assistants maternels et les garde d’enfants à domicile ».