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Coronavirus : les assistants familiaux, entre adaptation et questionnements

coronavirus assistants familiaux
Publié le 17/03/2020
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Après l’annonce des dernières mesures de confinement, les assistants familiaux attendent des informations, des consignes et du soutien de la part des départements.

Des cellules de crise dans tous les départements, des professionnels qui s’adaptent au confinement : dès la semaine dernière certains départements avaient annulé tous les déplacements des assistants familiaux, les visites médiatisées et les accueils relais. Mais dans de nombreux autres territoires des consignes sont attendues dans la journée.
 

Organisation modifiée

Dans le Gard, Manuella Pelle, assistante familiale, accueille en ce moment quatre enfants et adolescents, âgés de 9 à 16 ans. « Le matin ils font leur devoir et l’après-midi on regarde un film, on fait des jeux de société. J’ai la chance d’avoir un jardin. Je souhaitais aussi leur proposer des balades dans la Garrigue mais je ne suis pas sûre d’y être autorisée » décrit-elle.

Cette situation inédite modifie profondément l’organisation au domicile. « D’habitude ils déjeunent à la cantine, mais désormais pour les courses et la préparation des repas il va falloir que j’anticipe ». Si les adolescents vivent plutôt bien la situation, la petite fille de neuf ans est plus perturbée car elle ne peut plus voir sa mère jusqu’à nouvel ordre. « Je lui explique la situation et lui dit que ce n’est que temporaire » ajoute-t-elle.
 

Des inquiétudes

Manuella Pelle est aussi présidente de l’Association départementale des Assistantes, assistants maternelles et familles d’accueil du Gard. « Nous sommes dans l’attente de positions officielles du département sur des sujets qui touchent à notre quotidien, nous savons qu’il y a eu une cellule de crise hier mais nous attendons d’en savoir plus » décrit-elle. Les centres médico-sociaux étant fermés, l’accompagnement psychologique des jeunes n’est plus assuré, ce qui inquiète les professionnels. « Beaucoup de jeunes accueillis sont en situation de carences : or s’ils n’ont plus accès aux soins et que les assistants familiaux sont inquiets, les enfants vont le sentir et cela va augmenter leurs angoisses » craint-elle.

En Isère, Barthélémy Barcik, directeur du Dispositif d’accueil familial spécialisé de l’association Beauregard, témoigne d’une situation « entre inquiétude et solidarité ». Les 25 assistants familiaux du service répondent présents et ont été plutôt rassurés par les mesures de confinement annoncés hier. « Certains enfants ont beaucoup de contacts à l’extérieur, or certains professionnels sont dans des situations de santé fragiles et ne doivent surtout pas être confrontés au virus » décrit-il.

 

 

 

Des soins interrompus

Mais l’accompagnement des enfants souffrant de troubles psychiques ou de troubles du comportement pose question. « Dans notre service, la plupart des enfants sont scolarisés en IME, en ITEP ou en SESSAD. Un IME nous a déjà contacté pour nous dire qu’il allait garder cinq enfants en confinement. D’autres vont peut-être effectuer du soutien à domicile. Mais pour le soin psychiatrique, alors qu’on manque déjà de psychiatres, comment va-ton faire ? »

Evelyne Arnaud, porte-parole du Syndicat des assistants familiaux (SAF) s’inquiète également des répercussions d’une crise sanitaire qui risque de durer. « Pour les enfants qui ont besoin d’être soignés, que va-t-il se passer si les établissements sont fermés et l’accès au soin diminué ? Quant à la promiscuité au sein des domiciles, avec les enfants accueillis et les propres enfants des professionnels à plein temps, cela risque d’être très compliqué à gérer, notamment en appartement ».

 

Attente d’informations

Dans plusieurs territoires, certains enfants dont la fin de mesure de placement approchait sont retournés vivre chez leurs parents. « Les visites médiatisées ayant été annulées, nous allons voir comment organiser un maintien du lien par téléphone » souligne Barthélémy Barcik.

De façon générale, les professionnels sont en attente d’appui de la part de leur service employeur. Mais en situation de crise, très évolutive, où iles services doivent faire face à de nombreux besoins et de nombreuses sollicitations, les assistants familiaux doivent s’armer de patience. « Nous attendons la réunion téléphonique prévue jeudi avec le secrétaire d’État Adrien Taquet pour avoir davantage d’informations » souligne Martine Orlak, présidente de l’UFNAFAAM.