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Charlotte Caubel, secrétaire d’État pour la protection de l’enfance

Charlotte Caubel, secrétaire d’État pour la protection de l’enfance
Publié le 24/05/2022
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Magistrate, jusqu’à vendredi directrice de la PJJ, Charlotte Caubel succède à Adrien Taquet dans un secrétariat d’État resserré à l’enfance.

C’était une demande de plusieurs collectifs représentant le champ de l’enfance : la création d’un ministère de plein exercice dédié à l’enfance et la jeunesse. Or quatre jours après l’annonce du nouveau gouvernement de l’ère « Macron 2 », non seulement ce n’est pas le cas mais la confusion règne quant à l’attribution des « services aux familles ».

Pour l’instant donc, c’est de nouveau un secrétariat d’État qui a été choisi par la première ministre Élisabeth Borne et le président de la République pour s’occuper de l’enfance. Mais quelle enfance ? Les tweets de Charlotte Caubel, nommée vendredi secrétaire d’État auprès de la première ministre chargée de l’enfance, laissent à penser que son champ d’action se restreint à la protection de l’enfance : visite dans un foyer, puis auprès des équipes du 119 (numéro de l’enfance en danger).

Priorité

Depuis septembre 2020 directrice de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), auparavant conseillère « justice » au cabinet du premier ministre Édouard Philippe, cette magistrate avait été première vice-procureure de la République près le tribunal de grande instance de Paris et secrétaire générale du tribunal de grande instance de Bobigny. Elle succède à Adrien Taquet, qui avait annoncé son départ bien avant la démission du gouvernement et s’est abstenu, comme c’est pourtant d’usage en communication politique, de la féliciter sur Twitter.

Son secrétariat d’État était élargi aux « familles », mot dont il avait beaucoup usé lors de la réforme des modes d’accueil avec l’expression « service aux familles ». Mais il était placé auprès du ministère des Solidarités. En plaçant celui de Charlotte Caubel dans le giron de la première ministre, Emmanuel Macron veut montrer qu’il tient sa promesse de faire de la protection de l’enfance une priorité.
 

Et les modes d’accueil ?

La secrétaire d’État aura donc notamment pour mission d’assurer la mise en œuvre de la loi sur la protection des enfants du 7 février 2022, dans un secteur touché par la crise des vocations.

Mais quid des modes d’accueil du jeune enfant ? Qui s’occupera la politique familiale ? Le mot « familles » a disparu des portefeuilles ministériels des affaires sociales. S’agira-t-il de Brigitte Bourguignon, ministre de la Santé et de la Prévention ? Ou de Damien Abad, ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées, dont la nomination, malgré les témoignages de deux femmes pour des faits présumés de viols dans un article publié par Mediapart, suscite une vive polémique ?

Qui pour créer un droit opposable à la garde d’enfant, ambition électorale du candidat Emmanuel Macron, un programme qui interroge alors que les forces vives du secteur s’amenuisent et que la réforme des modes d’accueil commence tout juste à se déployer ? Les professionnels n’ont pour l’instant pas de réponses. Ce qui n’est pas de nature à rassurer un secteur qui exprime souvent son sentiment d’être oublié.