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Accueils mixtes : une offre délicate encore peu développée

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Publié le 06/02/2020
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Une étude réalisée pour l’UNAF sur les formes d’accueil combinant accueil individuel et collectif montre une rencontre souvent difficile, mais intéressante pour les jeunes enfants.

Rares, difficiles, mais intéressantes : l’étude effectuée par le sociologue Pierre Moisset pour l’Union nationale des associations familiales (UNAF) et publiée le 3 février porte sur cinq initiatives, dont deux en milieu rural ou périurbain et trois en milieu urbain. Parmi elles, une micro-crèche relayée par des assistantes maternelles en crèche familiale sur des horaires atypiques, la présence une journée par semaine d’assistantes maternelles en structure collective et la collaboration entre une structure collective et un Relais d’assistantes maternelles (RAM) autour de projets d’animation et de formation communs

Ces formes d’accueil mixtes ont été créées par des acteurs territoriaux qui souhaitent intégrer les assistantes maternelles au renforcement de l’offre d’accueil ou pour répondre à des besoins d’accueil atypique en RAM.

 

Combinaison délicate

L’étude montre que la combinaison des deux modes d’accueil reste « délicate », avec « parfois une défiance forte et des regards de dénigrement et de jugement de la part des professionnels de l’accueil collectif » relève l’UNAF. C’est particulièrement vrai quand les assistantes maternelles font figure « d’invitées » dans les structures et dont les faits et gestes sont alors « surveillés et jaugés par les professionnels du collectif ». Ces derniers ambitionnent ainsi de « faire changer des professionnels vus comme « moins » : moins formés, moins professionnels, moins encadrés » souligne Pierre Moisset.

C’est aussi l’un des effets de la formation différente dont sont issus les professionnels, avec une « distinction péjorative » entre ceux des établissements collectifs – éducateurs de jeunes enfants, auxiliaires de puériculture – et les assistantes maternelles.

Le sociologue relève que « l’effet établissement », clos sur lui-même, normé, est beaucoup moins fort en micro-crèche où la rencontre est facilitée. Les rencontres en « terrain neutre », à l’extérieur des établissements et services, sont également plus propices à des collaborations intéressantes.

 

Des aspects positifs

Pourtant l’étude relève que cet accueil mixte peut être intéressant pour le bien-être des jeunes enfants. D’abord grâce à la confrontation des pratiques qui peut produire une réflexivité : en s’observant, chaque professionnel réfléchit et évalue sa pratique, ce qui permet des ajustements ou de la ré-assurance. Ensuite parce que cette traversée de diverses modalités d’accueil pour l’enfant permet de cumuler « protection et stimulation, personnalisation et socialisation ».

Faut-il encore, pour un fonctionnement optimal, un « portage institutionnel et politique fort » pour lutter contre « les effets d’établissement, de formation, de distinction péjorative ».

Si des conditions propices sont réunies, ces expérimentations « peuvent renforcer la cohérence des modes d’accueil sur un territoire » et « décloisonner deux filières d’accueil que l’histoire a façonné séparément ». Ces filières doivent selon Pierre Moisset « aujourd’hui trouver une forme de communauté et de proximité face aux nouveaux enjeux de l’accueil de la petite enfance  ».

 

► Étude sur les formes d’accueil mixte, UNAF, février 2020