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« Abus des PMI » : le Spamaf adresse au gouvernement une lettre au vitriol

« Abus des PMI » : le Spamaf adresse au gouvernement une lettre au vitriol
Publié le 09/04/2024
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Le syndicat professionnel dénonce plusieurs faits allant du « harcèlement » à l’absence de présomption d’innocence et demande aux ministres en charge des modes d’accueil de prendre des mesures urgentes.

Le sujet est sensible depuis de très nombreuses années, un temps pendant lequel quasiment rien n’a été fait pour y remédier sérieusement, en dehors d’un référentiel diversement appliqué. La défiance entre les assistantes maternelles et les services de Protection maternelle et infantile (Pmi), rapportée de longue date par les organisations représentatives, prend-elle de l’ampleur ? Qu’en est-il réellement ?Aujourd’hui aucune étude, aucun chiffre ne permet de donner à voir la réalité précise des difficultés rencontrées.
 

Nombreuses accusations

Or pour le Spamaf, la situation ne peut plus durer : dans une lettre à charge adressée le 20 mars à la ministre des Solidarités Catherine Vautrin et la ministre de l’Enfance et des Familles Sarah El Haïry, le syndicat affirme que les services de PMI font preuve d’« acharnements », abusant « lâchement et inlassablement de leurs pouvoirs tels des bourreaux ».

Pour appuyer ces accusations, le syndicat fournit plusieurs exemples de dysfonctionnements dans différents départements : ici un couple d’assistants maternels se sentant « harcelé par le service de PMI avec des exigences toujours plus conséquentes », là une récurrence de visites inopinées chez une professionnelle, ailleurs encore des convocations dans les locaux durant les heures d’accueil, ou des « entretiens qui durent parfois jusqu’à 4 heures d’affilée » pour obtenir des courriers de renonciation d’extension d’agrément, etc.

Le Snmpi tempère

« Les équipes de PMI travaillent auprès des assistantes maternelles avec des moyens sans cesse réduits pour assurer ces missions. Ceci le plus souvent au détriment de la dimension d'accompagnement des pratiques professionnelles qui donne pourtant tout son sens au contrôle des conditions d'accueil, réagit Pierre Suesser, co-président du Syndicat national des médecins de PMI, (Snmpmi). Des services de PMI se voient ainsi reprocher par certains acteurs tantôt une « sévérité » excessive tantôt une insuffisante rigueur. Certaines situations peuvent sans doute prêter à des critiques légitimes envers des équipes de PMI. Pour autant généraliser ne semble pas pertinent, notamment si on se réfère au baromètre publié en 2018 par des organismes représentant des assistantes maternelles, qui indiquait que 68% d'entre elles « se sentaient en confiance » avec la PMI ».

Le sujet est sur la table depuis six mois avec l’annonce du plan de soutien à l’accueil individuel le 27 octobre. Un Comité national d’animation (Cana-Pmi) devait être mis en place pour améliorer les relations entre les services et les professionnelles, toutefois le Snmpmi assure qu’il n’a pas encore été contacté pour sa mise en place. Des référentiels de pratiques professionnelles s’appuyant sur la Charte d’accueil du jeune enfant sont par ailleurs toujours en attente.
 

Le flou du ministère

« Nous demandons de longue date aux ministères sociaux un cadre national de réflexion sur les pratiques d'agrément et de contrôle qui permettrait aux représentants des services et des professionnels de PMI, et des assistantes maternelles, de travailler ensemble sur les enjeux de qualité de l'accueil, poursuit Pierre Suesser. Les référentiels de qualité en cours d'élaboration permettront, nous l'espérons, d'avancer dans ce sens ».

Le 25 mars, lors du printemps de la petite enfance, Sarah El Haïry a affirmé que le sujet était pour elle prioritaire, rappelant que la loi pour le Plein emploi promulguée le 18 décembre 2023 lui donne « pour la première fois, les moyens de fixer les priorités et objectifs des PMI ».

« Ma vision est celle d’une PMI qui contrôle, mais aussi qui soutient, accompagne et conseille chaque professionnel dans l’amélioration continue de ses pratiques, au côté des relais petite enfance » a-t elle poursuivi. Mais comment, concrètement ? Sollicité à plusieurs reprises, son cabinet ne répond pas à L’assmat sur le sujet.