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Les propositions du comité de filière pour l’attractivité du secteur

Les propositions du comité de filière pour l’attractivité du secteur
Publié le 30/06/2022
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Revalorisation des salaires, accélération de la formation et de la diplomation, ouverture du secteur à de nouveaux profils : pour lutter contre la pénurie de professionnels le comité de filière petite enfance présente des solutions « concrètes et opérationnelles ».

Installé depuis novembre 2021 et opérationnel depuis six mois, le comité de filière petite enfance a livré hier soir ses premières propositions alors que la situation dans le secteur continue à se dégrader. Elles interviennent ainsi une semaine après la mort d’une enfant de onze mois dans une micro-crèche privée lyonnaise, un événement tragique qui délie les langues sur l’évolution des conditions d’accueil en crèche. Quant à l’accueil individuel, la baisse année après année du nombre de forces vives n’est plus à démontrer.
 

Augmenter les salaires

Premier objectif du comité : maintenir dans l’emploi les professionnelles en revalorisant leur rémunération.

Il appelle donc la Direction générale du Travail (DGT) « à tout mettre en œuvre pour que les accords portant sur la revalorisation des salaires dans les branches du secteur de la petite enfance puissent être étendus dans des délais plus courts, dans la mesure du possible inférieurs à trois mois ».

Le comité demande au Ministère de la fonction publiques de mettre en place le versement de la prime issue du Ségur de la Santé, soit 183 euros nets mensuels, pour augmenter les salaires de l’ensemble des professionnels de la petite enfance.

Attirer vers le secteur

Deuxième objectif : attirer les nouvelles recrues.

Le comité souhaite :

→ ouvrir les places en formation initiale pour les auxiliaires de puériculture, infirmières-puéricultrices, éducateurs de jeunes enfants et CAP Accompagnant éducatif petite-enfance ;

→ réduire les délais de diplomation des auxiliaires de puériculture et des infirmiers-puériculteurs en facilitant l’organisation des jurys ;

→ promouvoir les métiers via une grand campagne de communication dès la rentrée 2022 de l’ensemble des métiers de la petite enfance ;

→ orienter par la voie de l’apprentissage les jeunes en formation initiale, ainsi que les personnes en reconversion ou en insertion professionnelles ;

→ faciliter le recrutement de titulaires de diplômes étrangers, notamment européens ;

permettre aux assistantes maternelles dès la troisième année d’expérience de rejoindre les équipes de crèches, ainsi que les titulaires du titre professionnel assistante maternelles /garde d’enfants à domicile, et aux assistants territoriaux spécialisés des écoles maternelles (Atsem).
 

Parcours professionnels

Afin de faciliter les parcours dans l’ensemble du secteur, le comité souhaite :

faciliter les allers-retours entre modes d’accueil individuel, modes d’accueil collectif, hybrides et écoles maternelles ;

→ achever la construction d’un socle de connaissances et compétences commun à tous les métiers de la petite enfance ;

→ amplifier le plan de formation continue des professionnels ;

→ développer une formation certifiante « petite enfance » de niveau 5 et une gamme complète de formations certifiantes « dans une logique "métiers" complémentaire à la logique "diplômes" ».
 

Qualité de vie

Il n’existe actuellement aucun organe permettant de recenser sur l’ensemble du territoire les difficultés du secteur. Le comité propose au gouvernement de créer un observatoire de la qualité de vie et des conditions de travail de métiers de la petite enfance, en mandatant l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact).

Cet observatoire aurait une mission d’alerte « sur des situations de qualité de vie au travail dégradées et de proposition de mesures correctives ».
 

Restes-à-charge

Enfin le comité a adopté une résolution visant à faire évoluer la prestation de service unique (PSU) et le complément de mode de garde (Cmg) de la Paje, souhaitant notamment que « le coût effectif pour les familles modestes du recours à l’accueil individuel soit similaire à celui qu’elles exposent lorsqu’elles recourent à l’accueil collectif ».

La balle est maintenant dans le camp, principalement, du gouvernement. Or Damien Abad, le ministre en charge des modes d’accueil, est non seulement resté muet après le drame survenu à Lyon, mais il est aussi sur la sellette après l’ouverture hier d’une enquête par le parquet de Paris pour « tentative de viol ».