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Les confinements ont pesé lourd sur l’IMC des enfants

Les confinements ont pesé lourd sur l’IMC des enfants
Publié le 28/04/2022
Catherine Piraud-Rouet
Journaliste spécialisée en puériculture et éducation
Selon une récente étude de Santé Publique France, les restrictions de sorties liées à la crise sanitaire ont entraîné un accroissement significatif du nombre d’enfants en surpoids et obèses par rapport à 2019. Certaines catégories d’enfants étant plus atteintes que d’autres.

« À la suite des mesures de confinement, il existe un accroissement significatif du nombre d’enfants en surpoids et obèses par rapport à l’année précédant la crise sanitaire. » Telle est la conclusion principale de l’étude publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de Santé publique France du 26 avril dernier.
 

Près de 50 000 enfants étudiés sur trois ans

L’étude de l’agence nationale de santé publique avait pour but d’estimer l’impact de la crise sanitaire sur l’évolution staturo-pondérale des enfants. Pour cela, les chercheurs se sont basés sur les données des bilans de santé en école maternelle du Val-de-Marne réalisés en 2018-2019, 2019-2020 et 2020-2021. Le tout représentant 48 119 enfants, âgés en moyenne de 4 ans et demi.
 

15,8 % des enfants en surpoids ou en obésité

L’étude montre qu’entre 2018-2019 et 2020-2021, le pourcentage d’enfants en surpoids a augmenté de 2,6 %, tandis que celui des enfants obèses a crû de 1,8 %. Ainsi, si en 2018-2019, 88,6 % des enfants avaient une corpulence normale, ils n’étaient plus que 84, 2 % en 2020-2021. Au total, 11,2 % des enfants étaient en situation de surpoids et 4,6 % en obésité lors de l’année scolaire 2020-2021.

En cause, la sédentarité engendrée par la pandémie

Les confinements successifs décrétés pendant la pandémie « ont accru la sédentarité et dégradé les modes d’alimentation avec un impact significatif chez les enfants », estime l’étude. Les auteurs soulignent notamment que la « peur ambiante » a souvent conduit les parents à ne pas faire bénéficier leurs enfants de la possibilité de sortie d’une heure quotidienne.

Des constatations qui appuient des études antérieures. En mai 2020, un sondage Ifop avait révélé que les Français avaient pris en moyenne 2,5 kg durant le premier confinement. En juin 2021, une étude de l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité avait montré une augmentation moyenne de 2 à 3 points de l’IMC des enfants suite aux confinements.
 

Les enfants les plus pauvres, et notamment les filles, en première ligne

L’étude fait aussi deux autres remarques. D’une part, les enfants scolarisés en réseau d’éducation prioritaire (REP) ou prioritaire renforcée (REP+) sont davantage touchés. « Ces réseaux tiennent compte des contextes sociaux des populations. Or, l’association entre surpoids, obésité et contexte socio-économique défavorable a été montrée », notent les chercheurs. Avant de conclure : « La pandémie et les mesures prises pour la contenir en France ont accru les inégalités socio-économiques et de fait, par ricochet, semble avoir atteint la santé des enfants ». D’autre part, les filles sont plus à risque de présenter du surpoids ou de l’obésité que les garçons. Une constatation qui a même surpris les auteurs, en raison de l’âge des enfants étudiés.
 

Les cantines et les garderies, réductrices des risques

Autre enseignement de l’étude : la fréquentation d’une garderie ou de la cantine scolaire sont des facteurs protecteurs. Les chercheurs posent l’hypothèse suivante pour expliquer cela : « Les habitudes délétères prises pendant les périodes de confinement ont été résorbées lorsque des repas pris en collectivité ont repris. Les enfants ont pu accéder de nouveau à des repas équilibrés et à l’activité physique durant la pause méridienne [...]. Le nombre de prises de nourriture entre les repas a probablement aussi diminué. »
 

Grignotages et/ou limitation des activités physiques ?

L’équipe souligne toutefois une limite : l’impossibilité de savoir si cette prise de poids est plus due à une alimentation dégradée (accroissement des grignotages, consommation de produits ultra-transformés) ou à une réduction drastique des activités physiques. « Il reste important d’envisager que les deux types de causes aient joué un rôle et que la progression de la corpulence des enfants ne pourra être limitée qu’en proposant des interventions alliant à la fois activité sportive et éducation à l’alimentation », évoquent-ils.
 

Des courbes à suivre de près sur les années à venir

Il sera important d’explorer l’évolution de la courbe de poids des enfants sur 2021-2022, année où les mesures ont été allégées. Il n’est cependant pas certain, selon les scientifiques, que l’on constate tout de suite un retour à la normale. « Si des comportements de type alimentation hypercalorique se sont instaurés, il pourrait y avoir un délai avant que les familles ne reviennent à un mode de fonctionnement plus sain en matière nutritionnelle et physique », notent-ils.