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Les bébés qui rampent ont une meilleure perception des risques

Les bébés qui rampent ont une meilleure perception des risques
Publié le 25/08/2021
Catherine Piraud-Rouet
Journaliste spécialisée en puériculture et éducation
Les bébés qui rampent beaucoup seraient dotés d’une meilleure perception des risques encourus, ce qui leur permettrait de mieux éviter les chutes, en particulier dans l’eau. A l’inverse, limiter leurs déplacements pourrait les mettre plus facilement en danger. C’est ce qu’il ressort d’une récente étude.

La plupart des bébés commencent à ramper entre sept et dix mois. Certains s’y mettant plus tôt ou plus tard, d’autres jamais. Nombre d’entre eux développent cette compétence avec un tel enthousiasme et une telle célérité qu’il est parfois tentant d’essayer de les freiner dans leurs explorations, dans le but de les protéger. Une fausse bonne idée, si l’on en croit une étude néo-zélandaise publiée le 8 juillet dernier dans la revue Infancy. Les chercheurs ont en effet mis en lumière que ramper serait essentiel pour donner au nourrisson une meilleure perception du risque et lui permettre de mieux éviter les chutes.
 

Ramper améliore la perception du risque

Le docteur Carolina Burnay, de la School of Medical and Health Sciences, et son équipe ont testé le comportement de 25 bébés (rampeurs confirmés ou novices ainsi que marcheurs) autour d'une baignoire remplie d'eau. Leurs conclusions sont sans appel. « La principale différence entre les bébés qui sont tombés dans l'eau et ceux qui l’ont évité était l'expérience plus ou moins grande qu'ils avaient en rampant, explique Carolina Burnay. Un résultat très intéressant est que la quantité d'expériences antérieures que les bébés ont eu en rampant a influencé leur perception du risque et leur comportement, même lorsqu'ils marchaient déjà. Il semble donc très utile pour les bébés de ramper et d'explorer leur environnement. »

Surprotéger les bébés peut être contre-productif

Selon les auteurs de l’étude, « les soignants doivent être conscients du rôle important que joue le rampement dans le développement du nourrisson ». Ils expliquent : « En touchant le sol et en y regardant de près, les nourrissons apprennent à distinguer les surfaces sûres des surfaces dangereuses pour se déplacer et commencer à éviter les chutes, dans l'eau ou pas. » Et concluent : « Surprotéger les bébés en limitant leurs possibilités de se déplacer par eux-mêmes ne les protège pas, au contraire, cela retarde leur développement de la perception des situations à risque. » De quoi apporter de l’eau au moulin des partisans de la motricité libre…
 

Plans d’eau : attention, danger !

Ce qui ne veut pas dire laisser les tout-petits sans surveillance, loin de là ! Une autre étude, publiée le 1er août dernier dans la revue Developmental Psychobiology et à laquelle a également contribué Carolina Burnay, a mis en avant que l’accès à l’eau d’une piscine, d’une rivière, d’un lac ou de la mer par une pente est particulièrement dangereux pour les bébés. Et ce, qu’ils marchent ou qu’ils rampent, et bien qu’ils aient observé que plusieurs enfants ont d’eux-mêmes – sans doute par conscience du danger - arrêté d’avancer avant d’arriver à l’eau.

Les scientifiques recommandent donc aux parents et aux personnes travaillant avec des enfants en bas âge à ne pas les quitter des yeux en présence d’un point d’eau aux alentours. Pour rappel, en France, depuis janvier 2004, tous les propriétaires de piscines privées doivent être équipées d'un dispositif de sécurité (barrière de protection, système d'alarme sonore, couverture de sécurité ou abri de type véranda) afin de prévenir les risques de noyade.