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L’Institut Montaigne veut développer les crèches privées dans les quartiers prioritaires

L’Institut Montaigne veut développer les crèches privées dans les quartiers prioritaires
Publié le 03/06/2022
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Dans un rapport publié hier, le laboratoire d’idées libéral propose de créer un « parcours petite enfance » en s’appuyant sur les micro-crèches privées, au coût pourtant prohibitif pour les familles pauvres.

Dans les quartiers prioritaires, le salut de la petite enfance viendra du secteur marchand, estime l’Institut Montaigne dans un rapport publié hier émettant 31 propositions.

Le document dresse deux constats : 40 % des quartiers « politique de la ville » (QPV) ne disposent pas de crèche, un tiers n’en disposent pas à moins de 500 mètres et les places disponibles n’y couvrent que 22 % des besoins. En conséquence « l’offre de crèche par enfants de moins de trois ans est six fois inférieure à la moyenne nationale ».

Ensuite, 68 % des enfants des familles les 20 % les plus riches ont accès à un mode d’accueil collectif ou individuel contre seulement 9 % pour les plus pauvres.

Trois solutions

L’Institut Montaigne propose pour y remédier trois solutions :

→ créer un « parcours petite enfance » systématique pour les enfants de six mois à trois ans dans des lieux d’accueil collectifs

→ renforcer la dotation budgétaire aux communes pour la création de 15000 places en crèche sur le prochain quinquennat

→ renforcer les capacités d’accueil dans les crèches en favorisant le recrutement d’alternants ou d’assistantes maternelles nouvellement diplômées.
 

Programme libéral

Mais surtout, il estime qu’« un soutien aux projets privés, dans le sillage de la nette dynamique des micro crèches depuis dix ans en France, permettrait de contribuer à la réalisation de l’objectif », moyennant un investissement de l’État de 100 millions d’euros.

Une proposition très libérale donc, mais qui fait surtout fi de toutes les données sur le coût de ces établissements d’accueils privés, dont l’Observatoire national de la petite enfance « Onape » rappelait en 2021 qu’il excluait les familles à faibles ressources.

Quant à la proposition visant l’intégration des assistantes maternelles en crèche, l’Institut Montaigne n’a visiblement pas connaissance des aspirations des professionnelles de l’accueil individuel… qui ne souhaitent justement pas travailler en crèche dans leur grand majorité, surtout au vu de la situation actuelle particulièrement sinistrée de l’accueil collectif.