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Évolution des RAM : des responsables perplexes

les missions des relais assistantes maternelles
Publié le 22/05/2019
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Pour plusieurs responsables de Relais d’assistantes maternelles (RAM), le rôle accru qui pourrait leur être confié dans le cadre de la professionnalisation de l’accueil individuel est éloigné des réalités.

Les RAM font couler beaucoup d’encre sans que leurs responsables ne soient vraiment entendus, faute d’association professionnelle représentative, et parce que le fonctionnement, la taille et la gestion de ces structures restent hétéroclites sur le territoire.

Le rapport récemment publié par le Haut conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) sur le pilotage de la qualité d’accueil du jeune enfant et les propositions de la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS) dans le cadre de la réforme par ordonnance des modes d’accueil, ambitionnent pourtant de gonfler les missions des RAM.

Outre le rôle d’information vers les parents et les assistantes maternelles, le rôle d’animation, d’éveil et d’échanges entre professionnelles, ainsi que celui d’observation de l’offre territoriale d’accueil du jeune enfant, le HCFEA suggère de rendre obligatoire l’affiliation à un RAM. Le relais serait aussi chargé d’organiser deux demi-journées de réflexion sur la qualité des pratiques par an pour les professionnelles et vingt ateliers annuels sans les enfants.

La DGCS suggère également de leur conférer un rôle de professionnalisation en facilitant l’accès à la formation continue des assistantes maternelles. En signe de l’élargissement de leurs missions, ils seraient renommés « Relais Petite Enfance ».

De leur côté les assistantes maternelles, sous la houlette des syndicats et des associations représentatives, sont globalement hostiles au caractère obligatoire de l’affiliation et s’interrogent sur les moyens de parvenir à de telles ambitions.

« Je suis partagée sur le caractère obligatoire de l’affiliation, car ce qui est subi ne porte pas forcément ses fruits, décrit Stéphanie, responsable d’un relais dans une commune du Nord qui a souhaité conserver l'anonymat. Il est important que les assistantes maternelles se professionnalisent pendant leur temps de travail, mais actuellement ce n’est pas réalisable sur ma commune. Quand l’une d’elles est en arrêt maladie, ce qui est très rare, c’est déjà très difficile de trouver une remplaçante. »

Patricia Mejia, responsable du Relais Petite Enfance de Pantin (93), reste également sceptique sur ces évolutions. « Le relais est un lieu non obligatoire, dans lequel nous n’avons aucun rôle hiérarchique auprès des assistantes maternelles, et c’est un point auquel je tiens absolument. À partir du moment où cela devient obligatoire : à quelle place je me situerai ? Cela me dérangerait car aujourd’hui nous travaillons auprès de professionnelles qui ont envie de venir. Nous sommes un lieu d’information, d’échanges, mais pas un lieu de formation. D’ailleurs nous proposions jusqu’à récemment des séances avec des intervenants extérieurs sur le développement de l’enfant ou sur l’activité, et nous avons arrêté car les assistantes maternelles n’étaient pas assez nombreuses. Elles préfèrent suivre des modules auprès d’organismes qui les valideront dans leur carnet de formation. »

Dans les RAM où les animatrices sont seules, la charge de travail est souvent lourde : ajouter des modules de formation obligatoire parait donc difficile à moins de recruter du personnel supplémentaire. Par ailleurs les locaux ne sont pas forcément adaptés et organiser des formations pour plusieurs petits groupes chaque année revient à créer une nouvelle activité, qui se ferait au détriment du reste. Pour ces responsables de relais, les mesures envisagées signent une « méconnaissance de ce public et de ces professionnelles. »