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Dans les Côtes d’Armor, la longue mobilisation des assistants familiaux

Dans les Côtes d’Armor, la longue mobilisation des assistants familiaux
Publié le 08/06/2023
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Sous l’égide de l’association Adfaam22, les professionnels revendiquent depuis début 2023 de meilleures conditions de travail, obtenant déjà quelques avancées.

Des « collègues en souffrance », en dépression, en burn out : voilà le point de départ de cette mobilisation organisée par l’Association départementale des familles d’accueil et des assistantes maternelles des Côtes d’Armor (Adfam22). « Nous n’avons pas assez de soutien de l’équipe, nous ne rejetons pas la faute sur les collègues de l’Aide sociale à l’enfance, car ils sont débordés aussi, mais il fallait réagir » indique Lydia Guennec, co-présidente.
 

Accès à des locaux dédiés

En début d’année, une lettre de revendications part en direction du Conseil départemental, suivie d’une première mobilisation le 2 février, puis de deux autres les mois suivants. « Nous demandions d’abord d’avoir accès aux Maisons des départements (MDD) comme tous les autres personnels, en tant qu’employés du département, poursuit-elle. Or nous n’avions pas de badge pour y entrer. Nous souhaitions pourvoir y disposer de pièces dédiées afin de pouvoir être entre collègues, et, quand nous venons avec les enfants pour des visites, pour qu’ils n’attendent pas au milieu de tout le monde ».

C’est acté : les professionnels ont obtenu des badges d’accès et disposeront bien d’une salle dédiée « le plus rapidement possible » indique Cinderella Bernard, vice-présidente du département déléguée à l'Enfance-Famille.

Revalorisations salariales

Deuxième « gros problème » : l’application de la loi du 7 février 2022 sur les salaires. « Le décret du 31 août 2022 prévoit une revalorisation de la rémunération de la première part d'accueil, soit 151.67 Smic contre 120 Smic avant le décret. Ici, la rémunération était de 128 Smic et pour les parts suivantes, de 94 Smic mensuel. Or le Conseil départemental a décidé de diminuer la rémunération de la 2ème part à 70 Smic horaire, soit le minimum prévu par la loi » explique Lydia Guennec.

Après les trois rassemblements organisés par les assistants familiaux, le département a proposé « une indemnisation de la deuxième part à 82 Smic. C'est un petit pas, mais nous ne sommes pas satisfaits et nous continueront à nous mobiliser jusqu’à 94 Smic » poursuit-elle.

De son côté, Cinderella Bernard indique que le département propose une rémunération pour deux enfants accueillis de 234 Smic, soit 2 637 euros, contre 2 501,94 euros avant l’application de la loi Taquet. « Si cette proposition est adoptée lors de la session du 3 juillet prochain, nous serons le département breton le plus attractif pour l’accueil de deux enfants, et l’un des premiers pour l’accueil de 3 ou 4 enfants » assure-t-elle.
 

Frais kilométriques

Dernière revendication : la revalorisation des frais kilométriques pour l’ensemble des kilomètres parcourus, et de l’entretien journalier, « car les assistants familiaux ne rentrent plus dans leurs frais et sont obligés de prendre sur leur budget personnel pour accompagner au mieux les enfants accueillis ». A ce stade, le Conseil départemental propose que les frais kilométriques soient tous remboursés à partir de 5 kilomètres parcourus, et une revalorisation de 0,12 Minimum garanti (soit +0,48 centimes) de l’indemnité d’entretien.

« À ces propositions s’ajoutent l’engagement d’associer les assistants familiaux à l’élaboration du projet personnel pour l’enfant, la création de trois échelons supplémentaires pour valoriser l’ancienneté des professionnels et la mise en place d’analyses de pratiques pour tous les assistants familiaux » ajoute Cinderella Bernard.

« Nous sommes déterminés à poursuivre le mouvement et toutes nos revendications. Il en va de l’avenir de la profession car nous ne sommes que 540 professionnels sur le département et beaucoup de collègues accueillent déjà plus de trois enfants » indique Lydia Guennec.