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Coronavirus : situation confuse pour les assistantes maternelles

coronavirus assistante maternelle
Publié le 09/03/2020
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Absence de consignes, mesures contradictoires, manque d’accompagnement par les services de PMI : face à l’épidémie, les assistantes maternelles témoignent d’un manque d’information.

Situation confuse dans les « clusters » (les zones où le virus circule activement) pour les assistantes maternelles : dans plusieurs communes du Morbihan, elles ont reçu des consignes divergentes en un laps de temps très court face aux enfants résidant dans les zones à risque. « Lundi dernier, nous ne pouvions pas accueillir d’enfants issus de plusieurs communes - Auray, Carnac et Crac’h - puis deux jours après l’accueil était de nouveau autorisé » décrit Natacha Le Gloahec, présidente de l’association assistantes maternelles de Ploermel Bébés d’abord.

Qu’elles habitent sur un cluster ou non, elles restent aujourd’hui autorisées par la préfecture et l’Agence régionale de santé (ARS) à accueillir des enfants. « Alors que les enfants sont potentiellement des vecteurs du virus, pourquoi les assistantes maternelles et leur famille ne sont pas protégées en premier lieu ? » s’interroge l’une d’entre elles.
 

PAS DE CONSIGNES POUR LES REGROUPEMENTS

« Nous n’avons pas non plus été informés par la Protection maternelle et infantile (PMI) concernant les regroupements d’enfants, poursuit Natacha Le Gloahec. Le Relais d’assistantes maternelles (RAM), nous a finalement indiqué qu’il fallait les éviter, j’avais de toute façon pris l’initiative en amont de les suspendre ».

Même incertitude dans le Haut-Rhin, où tous les établissements scolaires, les crèches et les Maisons d’assistantes maternelles (MAM) sont fermés pour 15 jours depuis ce matin. « Le RAM a également fermé par précaution mais je n’ai pas reçu de consignes concernant l’accueil des enfants au domicile des assistantes maternelles, ni pour les regroupements d’enfants, c’est la confusion totale » décrit Anne-Marie Oberdorf, présidente de l’association La Farandole des assistantes maternelles à Altkirch (68). A 10h30 ce matin, l’association prenait la décision, sans consigne extérieure, de fermer son local pour les 15 prochains jours.

Marie-Claire Rusch, qui travaille dans une MAM située à Hegenheim, avait de son côté été prévenue samedi par la mairie de la fermeture de la MAM pour quinze jours, et a pu informer les parents en amont. « Ils s’organisent, font du télétravail. Nous nous allons nous reposer puisque que nous n’avons pas le choix ! » décrit-elle.
 

CONFUSION POUR LES MAM DANS L’OISE

La situation est également restée confuse dans l’Oise ce week-end en raison d’un arrêté préfectoral de fermeture des établissements d’accueil du jeune enfant pour 14 jours, mais qui faisait l’impasse sur les MAM parmi les structures concernées. Dans un nouveau document actualisé hier soir par la préfecture, les MAM étaient finalement citées. « Tout le week-end les assistantes maternelles travaillant en MAM m’ont appelées, car le texte était clair et ne les mentionnait pas, décrit Sandra Onyszko, porte-parole de l’Ufnafaam. J’ai dû appeler deux fois la préfecture pour avoir confirmation de l’obligation de les fermer, transmise hier soir : c’est la cacophonie ».

De son côté l’ANAMAAF déclare avoir informé ses adhérents des recommandations du ministère pour lutter contre la propagation du virus. « Nous conseillons aussi à nos adhérents, en cas de passage au stade 3, de suspendre les regroupements afin de protéger juridiquement les présidentes d’association » détaille Marie-Noëlle Petitgas, co-présidente.

Beaucoup d’assistantes maternelles regrettent un manque d’information et de consignes spécifiques, qui reflète selon elle leur situation de « parent pauvre de l’accueil du jeune enfant ».

Sandra Onyszko estime que la situation va devenir critique pour elles si l’épidémie s’étend. « Le vrai travail de la PMI, c’est d’accompagner les modes d’accueil, et là il fait clairement défaut » regrette-t-elle.