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Faut-il combattre la fièvre de bébé ?

fièvre du bébé
Publié le 08/01/2020
Sylvie Renaud
Infirmière puéricultrice - Formatrice petite enfance
La fièvre est une réaction naturelle de l'organisme pour l'aider à lutter contre les infections. Bien supportée, elle ne doit pas être systématiquement traitée. Voici quelques repères pour vous guider dans la prise en charge du bébé fiévreux.

L’organisme humain a une température comprise entre 36,4 °C et 37,3 °C. Elle est maintenue grâce à un système de régulation interne.
Lorsqu’un microbe pénètre dans l’organisme, il délivre, parfois, des substances qui dérèglent l’équilibre thermique (thermostat réglé approximativement à 37 °C) et qui le déplacent vers le haut (par exemple à 39 °C).
Le cerveau (le thermostat) commande alors au corps d’élever sa température : les muscles s’activent (frissons), les artères se contractent pour éviter la déperdition de chaleur (extrémités froides).

QU’EST-CE QUE LA FIÈVRE ?

On parle de fièvre lorsque la température corporelle dépasse 38 °C.
► C’est un processus utile qui témoigne de la mise en route des défenses immunitaires contre un agent infectieux.
► Ce mécanisme physiologique de défense permet de combattre l’infection en réduisant la multiplication des virus et des bactéries et en augmentant la capacité des globules blancs.
► De nombreuses expériences démontrent qu’à partir d’une température de 39 °C ou 39,5 °C, la majorité des virus sont inhibés ou détruits, permettant ainsi une guérison plus rapide de la maladie.
► C’est un symptôme, pas une maladie.

QUE FAIRE EN CAS DE FIÈVRE ?

En cas de fièvre bien supportée, il est préconisé de ne pas donner de médicaments antipyrétiques (médicaments contre la fièvre). Dans bien des cas, des mesures simples sont suffisantes :
► prendre la température de l’enfant en axillaire (sous le bras) et rajouter 0,5 °C ou plus selon la notice du thermomètre ;
► faire boire, le plus souvent possible et plus que d’habitude, des boissons que l’enfant accepte facilement ;
► ne pas trop chauffer la chambre (environ 18-20 °C) ;
► ne pas dénuder l’enfant, mais lui ôter les couches superflues de vêtements (ou de couvertures) de sorte que la chaleur puisse s’évacuer plus facilement du corps de l’enfant ;
► observer l’enfant et repérer des signes d’inconfort, de mal-être, de douleurs ;
► repérer les signes de gravité comme l’hypotonie (baisse de tonus) ;
► surveiller l’enfant ;
► prévenir les parents de l’enfant pour qu’ils puissent prendre un rendez-vous chez leur médecin qui identifiera la cause de la fièvre et préconisera la conduite à tenir.

QUAND FAUT-IL TRAITER LA FIÈVRE ?

Il est recommandé de ne plus traiter la fièvre si celle-ci est bien supportée par l’enfant. Il faut traiter la fièvre au-delà de 38,5 °C :
► si l’enfant a moins de trois mois ;
► s’il supporte mal la fièvre, c’est-à-dire s’il ne sourit plus, ne joue plus et, ou, ne mange plus ;
► s’il se plaint d’une douleur ;
► en cas d’antécédents de convulsions.

LA PRISE DE TEMPÉRATURE

Plusieurs techniques existent. Pour des raisons d’hygiène, de confort, de sécurité et de respect de l’enfant, les professionnelles de la petite enfance prennent la température en axillaire (sous les aisselles), en plaçant le thermomètre sous l’aisselle tout en maintenant le bras de l’enfant sur le thorax de façon à couvrir le bout.
Ajouter 0,5 °C au chiffre obtenu (ou plus selon la notice du thermomètre) pour avoir le reflet de la température centrale.

LA FIÈVRE ET LES CONVULSIONS

La fièvre n’est pas un danger pour l’enfant (sauf cas particuliers) et son traitement ne permet pas de prévenir les convulsions (1) La fièvre n’est pas directement responsable des convulsions. Elles surviennent généralement chez des enfants sou vent génétiquement prédisposés. On sait aujourd’hui que la physiopathologie des convulsions avec fièvre est multifactorielle (2). La capacité du système immunitaire de l’enfant doit être respectée ; l’inconfort et la douleur traités.

(1) L’assmat, n° 134, décembre 2014-janvier 2015, p. 13.
(2) La physiopathologie est l’étude des troubles du fonctionne ment de l’organisme ou de ses parties, au cours des maladies.

À SAVOIR

► Les antipyrétiques (médicaments utilisés dans le traitement de la fièvre) ont une action inhibitrice (qui diminue l’activité) sur la fabrication des anticorps. Ils peuvent ralentir la guérison de la maladie et entraîner des effets indésirables.
►L’administration d’un antipyretique en prévention d’une fièvre après vaccination diminue la synthèse des anticorps. L'enfant sera donc moins bien protégé contre la maladie.