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Stéréotypes de genre : des quotas pour masculiniser l’accueil du jeune enfant ?

Stéréotypes de genre : des quotas pour masculiniser l’accueil du jeune enfant ?
Publié le 15/10/2021
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Dans un rapport d’information, deux députés proposent de parvenir à 40 % d’hommes dans les formations des métiers de la petite enfance d’ici 2030.

Les jeunes enfants évoluent dans un univers quasi-exclusivement féminin, que ce soit à la crèche, chez une assistante maternelle ou lorsqu’ils sont gardés à domicile. « Si le petit enfant intériorise l’idée que les femmes sont naturellement qualifiées pour s’occuper des jeunes enfants, c’est une idée qui influencera sa vie d’adulte, aussi bien dans ses choix personnels que professionnels » relève le rapport d’information sur les stéréotypes de genre déposé le 6 octobre à l’Assemblée nationale

Actuellement, 97 % des assistantes maternelles sont des femmes, 99 % des auxiliaires de puériculture et 97 % des éducatrices de jeunes enfants.

« La présence d’une grande majorité de femmes auprès des petits enfants, de surcroît dirigées par des hommes et l’absence de mixité des professionnels de première ligne constituent pour les enfants un apprentissage de la division sexuée des rôles sociaux » poursuivent les députés Gaël Le Bohec et Karine Lebon.
 

Un « seuil positif » de 40 %

Pour les jeunes, il existe aujourd’hui de « puissants verrous d’identification, aussi bien économiques que genrés », qui les empêchent de choisir les métiers du care. « Le choix du métier se fait au moment de l’adolescence, ou vers l’âge de 20 ans, alors que les contraintes de virilité sont les plus fortes. Les garçons craignent une déqualification économique et identitaire » écrivent les auteurs

D’où la recommandation de mettre en place des quotas pour parvenir à atteindre 40 % d’hommes d’ici 2030 dans les formations des métiers de la petite enfance et des formations d’enseignants de l’école primaire et secondaire.

« Le métier d’assistant maternel est un métier quasi sans mixité. Il apparaît difficile de faire moins mixte, puisque même les métiers les plus masculins (chauffeurs, ouvriers de manutention, etc.) attirent au moins 5 % de femmes. En cause, des préjugés tenaces et des conditions de travail qui n’encouragent pas les vocations » poursuit le rapport.

Revaloriser pour masculiniser

Cette situation induit la confusion, voire la suspicion, ajoute dans le rapport Sandra Onyszko, porte-parole de l’UFNAFAAM. « Soit il est associé au cliché d'un homme efféminé, soit on se pose des questions : qu'est-ce que cache son choix ? » pointe-t-elle.

Mais les conditions de travail d’un métier précaire et dévalorisé n’incitent pas non plus les hommes à s’y intéresser, souligne le rapport. Il recommande donc de revaloriser les rémunérations et le déroulement de carrière des professionnels de la petite enfance, avec des campagnes d’information et d’incitation pour favoriser la mixité.

Le rapport émet 21 recommandations pour mettre fin aux stéréotypes de genre.