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Protection de l’enfance : les dysfonctionnements de nouveau pointés par un documentaire

Publié le 17/10/2022
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Après sa diffusion hier sur M6, la secrétaire d’État à l’enfance Charlotte Caubel annonce le renforcement des contrôles à partir du 1er novembre.

Des adolescents placés dans des hôtels sordides, des foyers d’où les jeunes garçons partent rejoindre le trafic de drogue et les jeunes filles se prostituer, des familles relais dont ni l’identité ni le casier judiciaire ne sont vérifiés, des familles d’accueil à qui on enlève les enfants accueillis car elles s’y attachent trop, ou dont l’un des enfants placés a tué la petite fille : ce nouveau documentaire pointe une fois encore les pires dysfonctionnements de la protection de l’enfance.
 

Plus de contrôles

Et une fois encore, il provoque des réactions ministérielles, et des annonces. Dans un exercice d’équilibriste consistant à dénoncer ces graves dysfonctionnements tout en rendant hommage aux « milliers de professionnels exemplaires » de l’Aide sociale à l’enfance, la secrétaire d’État Charlotte Caubel annonce ainsi plusieurs mesures : 

- L’élargissement des contrôles à partir du 1er novembre : outre la vérification des casiers judiciaires pour les professionnels (déjà en vigueur), « on s’assurera également tout au long de leur carrière qu’ils ne soient pas inscrits au fichier des infractions sexuelles et violentes (FIJAISV) » annonce Charlotte Caubel.
 
- Le contrôle des établissements sera également renforcé grâce au recrutement de  « plusieurs dizaines de personnes »
 
- la formation de 300 personnes sur 3 ans est également annoncée pour renforcer l’évaluation des établissements.

Réaction de l’ADF

De son côté l’Assemblée des départements de France a réagi par communiqué en demandant :

- l’ouverture de « places adaptées pour les enfants aux profils atypiques », relevant de la PJJ ou de la psychiatrie

- l’appui renforcé aux départements pour la prise en charge des MNA afin de ne pas saturer les structures existantes

- des « programmes coordonnés sur l’attractivité des métiers ».
 

Des assistants familiaux au coeur des incohérences

Côté assistants familiaux, Sandra Onyszko, porte-parole de l’Ufnafam estime que ce type de documentaire permet « d’alerter la population sur un champ qu’elle connaît peu et des enfants qu’elle ne voit pas ». Mais les difficultés pointées ne datent pas d’hier. « Il existe un grand problème d’articulation et de cohérence dans la protection de l’enfance. Cela fait des années que nous demandons à ce que les assistants familiaux, qui vivent avec les enfants, soient mieux reconnus auprès des équipes de l’ASE et des juges. L’attachement ? Les référents ne sont pas formés à ce sujet et suivent un protocole, quant aux assistants familiaux ils ne sont pas suffisamment accompagnés ».

Elle pointe également un manque de prévention. « Les enfants arrivent chez les assistants familiaux souvent après être restés trop longtemps auprès de parents maltraitants, ils sont abîmés et les professionnels sont démunis pour s’occuper de leurs besoins importants ».

Malgré la réforme du statut des assistants familiaux, Sandra Onyszko constate que nombre d’entre eux vivent aujourd’hui une perte de sens. « Ils arrivent avec des convictions, des valeurs, mais lorsqu’ils constatent que la décision d’une institution ne va pas dans le sens de l’intérêt de l’enfant, ils ressentent un écart entre ce qu’ils ont appris et ce qu’il vivent, d’où une fatigue morale qui risque de les faire partir ».