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Protection de l’enfance : l’ONPE alerte sur le risque de pénurie de professionnels

Publié le 15/09/2021
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Dans son rapport annuel publié aujourd’hui, l’Observatoire national de la protection de l’enfance (ONPE) insiste sur le respect des besoins fondamentaux des enfants et l’urgence de mieux reconnaître les professionnels.

Le quinzième rapport de l’ONPE remis au Gouvernement et au Parlement s’attarde en premier lieu sur la crise sanitaire et ses effets sur les enfants accompagnés en protection de l’enfance, les professionnels et les familles.
 

Retour sur le confinement

Chez les assistants familiaux, ces répercussions ont déjà été étayées dans plusieurs études. Le rapport mentionne ici l’impact sur les pratiques départementales, comme un soutien accru aux professionnels par téléphone.

Ainsi, « le fait d’être appelé régulièrement, de bénéficier d’une aide plus active dans les situations complexes a contribué à diminuer les demandes de réorientations et à renforcer leur sentiment d’intégration aux équipes enfance » relève le département du Nord dans son retour d’expérience.

Ce soutien renforcé a débouché sur « une recherche plus systématique de relais à l’été 2020 », ainsi que sur « une attention particulière » pour la prise en charge par les établissements du champ du handicap d’enfants relevant d’une double vulnérabilité… là où pendant le confinement les fermetures d’établissements avaient engendré une prise en charge permanente de certains enfants par leurs assistants familiaux. 
 

Politique actuelle

La deuxième partie du rapport est consacrée à l’actualité plus récente de la protection de l’enfance et aux perspectives. 

L’ONPE rappelle le lancement de la démarche de contractualisation entre l’État et les départements pour 2020-2022 « en vue notamment de soutenir des objectifs fondamentaux comme le renforcement des Observatoires départementaux de la protection de l’enfance (ODPE) et la systématisation de la participation des enfants et des jeunes à ces observatoires » . 

Parmi les autres travaux en cours, la mise en place de plusieurs commissions, groupes de travail et plateformes : commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles envers les enfants, groupes de travail sur la prostitution des mineurs, groupe de travail sur la santé mentale et la protection de l’enfance, etc.. 

L’ONPE fait par ailleurs état d’une « dynamique croissante » des observatoires départementaux : 83 ODPE sont installés en 2020 et 10 sont en construction, notamment grâce à la démarche de contractualisation dans certains départements. 

Rappelons toutefois le retard considérable pris sur le sujet, alors que la création des ODPE est prévue depuis la loi du 5 mars 2007. 
 

Réponses globales

L’ONPE insiste enfin sur la nécessité de s’attacher à « une appréhension globale de l’enfant et de ses besoins fondamentaux », en prenant garde à ne pas « revenir à des approches centrées sur les types de violences et sur les réponses en miroir à celles-ci, en les scindant les unes des autres ». Pour l’Observatoire « le développement de l’enfant et son inscription dans des écosystèmes, la multiplicité de ses besoins doivent être garantis ensemble et dans le même temps par des réponses globales, intégrées et multistratégiques que ce soit en prévention ou en prises en charge, individuelles et collectives ».
 

Risque de crise professionnelle

Pour y parvenir, l’ONPE préconise notamment de renforcer les évaluations familiales, la formation des professionnels, les démarches évaluatives des pratiques, ainsi qu’une meilleure reconnaissance des professionnels. 

« Il y a urgence à reconnaître ces professionnels dans leur expertise, à leur permettre de la développer au gré des évolutions sociales et sociétales du secteur » souligne l’ONPE, car « à défaut, le risque est de se trouver face à une crise professionnelle de motivation et de recrutement d’ampleur, dont les premières victimes seront les enfants de la protection de l’enfance qui ont inévitablement besoin de tels professionnels ».