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Petite enfance : l’échec de la stratégie de lutte contre la pauvreté

Petite enfance : l’échec de la stratégie de lutte contre la pauvreté
Publié le 19/07/2022
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Selon le troisième rapport d’évaluation de la stratégie 2018-2022 publié hier, seuls 12 % de l’objectif initial de départs en formation des professionnels de la petite enfance ont été atteints.

« À ce stade, on constate qu’il n’y a pas d’amélioration des indicateurs d’inégalités en matière de petite enfance et de réussite éducative » : voici le constat du troisième rapport annuel d’évaluation sur les mesures « petite enfance » de la stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté 2018-2022, réalisé par France Stratégie.

Le volet petite enfance comprenait des mesures visant l’égalité d’accès des jeunes enfants en situation de précarité aux modes d’accueil formels et la formation des professionnels de la petite enfance (renommé plan Ambition Enfance-Egalité).
 

Ni quantité ni qualité

« Les mesures principales pour la non-reproduction de la pauvreté n’ont pas pour le moment permis d’améliorer significativement la quantité ni la qualité des modes d’accueil. On ne constate pas davantage d’enfants pauvres dans les crèches ou le développement de celles-ci dans les quartiers les plus défavorisés » ajoute le rapport. 

Seul le dispositif de crèches à vocation professionnelle (AVIP) « semble pour sa part atteindre ses objectifs mais reste d’une ampleur très limitée ».

Concernant la formation des « 600 000 » professionnels de la petite enfance sur trois ans annoncée à grand renfort de communication par le précédent gouvernement, l’échec est également patent.

53 000 formations en 2021

«En 2020, 20 000 départs en formation ont été recensés sur le volet territorial et aucun sur le volet national. En 2021, 53 378 départs en formation ont été recensés, dont 20 000 sur le volet territorial et 33 378 sur le volet national ».

Parmi les formations dispensées en 2021, 37 % portaient sur le langage, 17 % sur l’art et la culture, 13 % sur « alimentation et nature » et 12 % sur la prévention des stéréotypes.

« Au total, si chaque personne formée n’avait reçu qu’une formation, les départs en formation de 2020 et 2021 cumulés représenteraient 12 % de l’objectif initial fixé pour fin 2022 (600 000 formations sur trois ans) et 37 % de l’objectif révisé (200 000 formations sur trois ans) » note le rapport.

Sachant que ces estimations « sont des maximums, puisqu’une personne formée peut avoir reçu plusieurs formations ».
 

Panel citoyen « alarmé »

De très mauvais résultats donc pour cette formation « passée d’une visée très ambitieuse en termes de contenu et du nombre de professionnels visés, à un objectif considérablement réduit - ce qui alarme le panel citoyen, inquiet à la fois du niveau de formation et plus généralement de l’attractivité de ces métiers ». Un groupe composé de trente citoyens participe depuis 2020 à l’évaluation de la stratégie.