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Congé de naissance : des craintes face au manque de solutions d’accueil

Congé de naissance : des craintes face au manque de solutions d’accueil
Publié le 16/05/2024
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Des syndicats, collectifs et associations expriment leurs inquiétudes quant à ce nouveau congé prévu pour fin 2025.

Avant la concertation organisée hier au ministère des solidarités, les annonces avaient été claires.

« Trois mois pour les mères, trois mois pour les pères, cumulables durant la première année de l'enfant, et indemnisé à hauteur de 50% du salaire jusqu'au plafond de la Sécurité sociale », soit 1.900 euros : voici ce qu’indiquait Emmanuel Macron au magazine Elle la semaine dernière. Complément d’information dans La Tribune Dimanche par la ministre déléguée à l’enfance et au familles Sarah El Haïry : « il s’agit aussi de trouver une proposition adaptée à différentes situations : les indépendants et professions libérales, les temps partiels, les naissances multiples ».

Sur le congé parental actuel ouvrant droit à la Prestation partagée d'éducation de l'enfant (PreParE) et son forfait mensuel de 448 euros, elle ajoutait : « C’est trop peu. Sa durée est longue. Cela éloigne les femmes, souvent les plus précaires, de l’emploi », précisant que « le recours à cette aide s’est effondré ».
 

Sujet sensible

Le sujet est sensible après un pic en 2023 de la chute des naissances entamée depuis plusieurs années dans l’un des pays les plus féconds d’Europe, mais aussi les inégalités persistantes sur le marché du travail, et au sein des foyers, au détriment des mères.

Hier devant Sarah El Haïry, syndicats, organisations professionnelles et associations ont pu exprimer leur point de vue sur ce projet de congé facultatif - le congé maternité et paternité sont maintenus - qui sera intégré dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025, pour une entrée en vigueur prévue fin 2025.

Modes d’accueil en souffrance

La position de l’Union nationale des associations familiales (Unaf) était déjà connue, favorable à la création d’un « congé parental accessible à tous, mieux indemnisé (75 % du revenu professionnel) jusqu’au 1 an de l’enfant ». L’Unaf souhaite également le maintien d’un congé parental indemnisé jusqu’aux 3 ans de l’enfant notamment « pour les parents dont les enfants requièrent une présence parentale renforcée (prématurité, naissances multiples, pathologies, handicap, adoption, famille nombreuse…) » en cas de pénurie de modes d’accueil, et tant que « le service public de la petite enfance ne répond pas à tous les besoins ».

Pour la FGTA-FO « le congé de naissance ne résoudra pas entièrement le problème, car les parents sont confrontés au coût élevé d'élever des enfants. L'inflation, le taux de chômage, l'emploi, les études, la pénurie d’assistantes maternelles : comme rien ne sera fait avant septembre 2025 nous continuons de perdre ces professionnelles de la petite enfance, tous ces facteurs contribuent à la baisse constante du taux de natalité ». Le syndicat rappelle au passage que le seul métier pouvant être pratiqué pendant un congé parental est celui d’assistante maternelle, selon l’article L. 1225-53 du Code de l’action sociale et des familles (CASF).
 

« Grave recul »

La CGT voit dans cette réforme « un grave recul pour le droit à la parentalité », déplorant des méthodes de concertation « à nouveau opposées à toute forme de dialogue social par lesquelles les « concertations » interviennent après la publication des détails de cette nouvelle réforme par voie de presse ». Le syndicat propose un congé parental de six mois à hauteur de 80 % du salaire antérieur financé par la Sécurité sociale et les 20 % restants par l’employeur. « Dans un contexte de crise du secteur de la petite enfance et d'une pénurie sans précédent de professionnels, il est inadmissible que les contraintes budgétaires soient agitées comme chiffon rouge à chaque étape des discussions » estime la CGT Assmat.

Enfin le collectif Parents et féministes dénonce « des annonces alarmantes » pour l’égalité femmes-hommes et s’interroge sur la promesse de campagne d’Emmanuel Macron d’instaurer un droit opposable à la garde d’enfant. « D’ici à 2027, la CNAF ne prévoit aucune amélioration sur les modes de garde, et même une légère aggravation de la situation : que feront les 200 000 parents sans solution, à l’issue du congé de naissance ? » demande le collectif.