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Assistants familiaux : l’Ufnafaam éclaire les causes de la crise et les solutions possibles

Assistants familiaux : l’Ufnafaam éclaire les causes de la crise et les solutions possibles
Publié le 18/03/2024
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Dans une note remise au gouvernement le 13 mars, la fédération montre que l’isolement, l’application aléatoire des textes et l’absence de travail sur la présomption d’innocence minent la profession.

Pour une profession qui reste dans l’angle mort de l’éclairage statistique, par désintérêt politique, cette enquête à laquelle L’assmat a eu accès apporte des informations précieuses sur les causes des difficultés actuelles.

Menée par l’Ufnafaam depuis janvier auprès d’une cinquantaine d’assistants familiaux et présidentes d’associations, elle montre d’abord la dégradation des conditions d’exercice ressentie par les professionnels depuis deux ans, « à l’opposé de l’objectif de revalorisation de la profession, affiché dans la loi Taquet en 2022 ».
 

Isolement et charge mentale

Pour une majorité d’entre eux les difficultés ne se situent pas dans la relation avec l’enfant, mais avec les services de l’Aide sociale à l’enfance (ASE), faisant part d’un « isolement croissant » face à des accueils « plus complexes ».

Crise des éducateurs, intégration aléatoire dans les équipes, professionnels de santé manquants : l’isolement conduit non seulement « à des burn out, des arrêts maladie et des réorientations », mais se répercute négativement sur les enfants, dont le suivi médico-social se trouve entravé.
 

Un statut trop peu respecté

Autres constats, déjà connus mais dont la persistance devient consternante : les disparités importantes entre départements et parfois même à l’intérieur, d’interprétation des textes et du droit du travail, faute de référentiels professionnels communs, le recours « très fréquent » aux dérogations à l’agrément, augmentant le nombre d’enfants accueillis de trois à quatre.

Et toujours des difficultés liées à la rémunération et l’indemnisation : suppression des primes de fin de carrière, indemnités non corrélées à l’inflation, baisse du salaire pour le deuxième ou troisième enfant quand il était supérieur à ce que prévoyait la loi du 7 février 2022.

Une épée de Damoclès

Enfin, la crainte des professionnels d’être « sous la menace d’une information préoccupante » s’avère massive. « La peur de tout perdre, y compris sa réputation, constitue une réelle préoccupation et renforce le sentiment de précarité professionnelle » indique l’Ufnafaam.
 

Des solutions

Face à tous ces constats, la fédération propose plusieurs pistes :

→ un pilotage unifié de la politique publique à destination des assistants familiaux, avec un statut uniforme sur l’ensemble des territoires, une « véritable » convention collective nationale, et un partage des bonnes pratiques via une plateforme ;

le développement du cumul d’emplois pour des personnes faisant du relais en vacances et le week-end ;

le développement du travail en couple - « cellule familiale professionnelle » - pour répondre à la légère masculinisation croissante de la profession ;

→ l’accent à mettre sur la relation assistant familial/éducateur référent, avec des formations croisées, des espaces de rencontres et des partages d’expérience, et le renforcement des temps de rencontres et d’expression au sein des services ;

→ le renforcement des données sur les informations préoccupantes et leur traitement ;

→ le lancement d’une compagne pluriannuelle de recrutement et de valorisation du métier.
 

Dans l’oeil du gouvernement

Cette enquête, qui sera étayée prochainement, a été présentée au cabinet de la ministre déléguée à l’enfance et aux Familles le 13 mars. Depuis sa prise de fonction, Sarah El Haïry multiplie les déclarations vers les assistants familiaux, avec deux axes privilégiés : le cumul d’activité et l’amélioration des conditions d’entrée dans la profession.