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Une étude confirme que les enfants en bas âge seraient de faibles contaminateurs

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Publié le 29/09/2020
Catherine Piraud-Rouet
Journaliste spécialisée en puériculture et éducation
Une nouvelle étude, publiée par Santé Publique France dans son Bulletin épidémiologique en date du 24 septembre 2020, vient confirmer l’hypothèse de la faible contagiosité des enfants en bas âge.

L’enquête « Transeps », menée du 29 mai au 2 juillet 2020, est une évaluation rétrospective inédite, visant à évaluer la circulation du Covid-19 dans deux populations : 52 soignants hospitaliers de Seine-Saint-Denis réquisitionnés pour prendre en charge des patients Covid et 46 professionnels de la petite enfance réquisitionnés dans deux crèches hospitalières du département (à Montreuil-sous-Bois et à Aulnay-sous-Bois) auprès des enfants des premiers.
 

Double hypothèse de travail

L’hypothèse des auteurs de l’étude était double. D’une part, les soignants réquisitionnés auprès de patients Covid avaient une probabilité élevée (de l’ordre de 30 %) d’avoir contracté le virus. D’autre part, les enfants ne transmettraient pas le virus de leurs parents, avec à la clé un taux d’attaque parmi le personnel des deux crèches hospitalières par conséquent moindre : autour de 10-15 %.
 

Méthodologie serrée

Les participants étaient des femmes jeunes et en bonne santé à plus de 90 %. Un questionnaire a reconstitué l’historique de leurs symptômes, leurs contacts avec des cas suspects ou avérés de Covid et leurs caractéristiques sociodémographiques. Un prélèvement sanguin a recherché des anticorps anti-SARS-CoV-2.
 

Situations différentes

Les parents soignants ont été dotés en masques chirurgicaux et FFP2 pendant toute la période. La dotation des personnels de crèches a été plus tardive. Par ailleurs, les mesures barrières ont différé dans les deux crèches : à Montreuil, les parents étaient invités à confier leur enfant dans un sas à l’entrée, avec contrôle de sa température. À Aulnay, les parents continuaient à entrer dans les sections, mais il leur a rapidement été demandé de porter un masque et de respecter la distanciation sociale.
 

Taux d’infection parental moindre que prévu

Contrairement à l’hypothèse des chercheurs, le taux d’attaque n’a pas été plus élevé chez les parents soignants directement exposés au Covid (6/52 personnes soit 11,5%) que chez les professionnels des deux crèches (8/46 personnes, soit 17,4%). Ce qui démontre l’efficacité des mesures barrières mises en place en milieu hospitalier, selon l’étude. Quant aux parents soignants n’ayant pas travaillé au contact direct des patients Covid, mais ayant été exposés à travers leurs enfants à l’infection des professionnels de la crèche, leur taux d’infection passe à 11,1% à Montreuil et 9,1% à Aulnay. La différence devient statistiquement significative à Montreuil, où une épidémie a touché l’équipe de la crèche, sans affecter les parents des enfants gardés sur la période.
 

Contamination avant tout professionnelle

À Aulnay-sous-Bois, trois professionnels de la crèche ont été infectés : aucun n’avait pris en charge l’enfant d’un soignant séropositif. De même, parmi les parents d’enfants confiés à ces trois professionnels, aucun n’a développé d’anticorps. De fait, 12 des 14 infections relevées chez les parents ont pu être reliées à une contamination en milieu professionnel, notamment par un collègue.
 

Fermeture des crèches et des écoles : des avantages encore incertains

L’enquête comporte plusieurs limites, essentiellement le faible effectif des deux groupes. Les chercheurs avancent toutefois la conclusion suivante : « La reconstitution de la circulation virale entre les deux populations de notre étude suggère que les enfants gardés dans ces deux crèches n’ont pas participé à diffuser le virus. » Ils poursuivent : « À l’heure où une résurgence épidémique en France métropolitaine est considérée comme probable (…), l’efficacité de la fermeture des crèches et des écoles sur le contrôle de l’épidémie de SARS-CoV2 n’est pas connue, notamment parce que la participation des enfants aux chaînes de transmission n’est pas complètement établie. »

Ce constat est cohérent avec différentes enquêtes réalisées dans le monde, de nombreux pays n’ayant d’ailleurs pas observé d’accélération de la diffusion virale avec la réouverture de lieux d’accueil de la petite enfance.