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Une campagne télé et web pour une prise en charge précoce des troubles du développement

campagne Agir tôt
Publié le 16/10/2020
Catherine Piraud-Rouet
Journaliste spécialisée en puériculture et éducation
Du 12 au 18 octobre, une double campagne, télévisuelle et en ligne, vise à sensibiliser le grand public aux signes évocateurs d’un possible trouble du développement de l'enfant, entre 0 et 3 ans. A la clé, l’enjeu d’une prise en charge précoce, encore insuffisante.

Du 12 au 18 octobre, France Télévisions diffuse une campagne de sensibilisation aux difficultés de développement chez les enfants de 0 à 6 ans. Une opération portée par l’ANECAMSP (Association nationale des équipes contribuant l’action médico-sociale précoce), qui réunit professionnels et parents autour de l’accompagnement des tout-petits présentant un trouble du neurodéveloppement et/ou un handicap, avec le site web Handicap-Agir-tôt.
 

9 mini films d’animation, 9 problématiques

« Agir Tôt », conçu par l’ANECAMSP, est une série de 9 mini films d’animation d’une trentaine de secondes, destinés à informer le grand public sur l’importance du repérage et des soins précoces des troubles du développement. Cette campagne s’accompagne d’un volet digital sur le site web Agir Tôt.fr.

Au menu : des personnages tendres et colorés, aux grands yeux et au vague look de brontosaures, figurent parents et enfant, avec à chaque fois un signe d’alerte différent : « A six mois, mon bébé ne tient pas sa tête » ; « A six mois, mon bébé ne me sourit pas » ; « A 1 an, mon enfant ne tient pas assis sans aide » ; « A 1 an, mon enfant ne réagit pas à son prénom » ; « A 18 mois, mon enfant ne dit pas papa maman » ; « A 18 mois, mon enfant ne montre pas du doigt ce qu’il veut » ; A 18 mois, mon enfant ne marche pas » ; « A 3 ans, mon enfant ne joue pas avec les autres » ; « Mon enfant fait des mouvements répétitifs ». Sur le site, chaque situation est accompagnée des conseils d’un médecin.

Des signes d’alerte à prendre au sérieux

Cette campagne a été faite à partir du livret de repérage précoce sur lequel l’ANECAMSP a travaillé avec un groupe d’experts, à destination des médecins généralistes et des pédiatres de ville. Son but : rendre ces données pleinement accessibles aux familles, à commencer par les plus éloignées des services de soins. « Entre 0 et 6 ans, l’enfant se développe dans cinq grands domaines : motricité globale, motricité fine, langage, perception-cognition et socialisation. Pour chacun d’eux, des signes simples, de l’ordre du sensoriel ou du comportemental, incitent à s’interroger et à alerter », explique Geneviève Laurent, présidente de l’ANECAMSP.

Mais ces signes d’alerte peuvent passer inaperçus et, même quand ce n’est pas le cas, ils sont souvent minorés par l’entourage – y compris médical – au motif que tous les enfants ne se développent pas au même rythme. « Or il est établi que ces fenêtres de développement sont chronologiquement marquées et doivent être prises au sérieux», relève Geneviève Laurent.
 

Plus de 30 000 enfants non pris en charge assez précocement

Au final, chaque année, plus de 30 000 enfants de moins de 6 ans souffrant de retard de développement devraient être suivi de manière très précoce – à savoir dans les deux ou trois premières années - et ne le sont pas. « Sont concernées l’ensemble des troubles du neurodéveloppement (troubles moteurs, difficultés de langage, troubles des apprentissages, retards intellectuels, autisme…), explique Geneviève Laurent.

Ces problèmes de repérage ont encore été aggravés avec le Covid, avec des listes d’attente qui s’allongent dans les 343 centres d’action médicosociale précoce (CAMPs). Les plateformes de coordination (PCO), dispositif nouveau de la stratégie nationale contre l’autisme, saisies par le généraliste ou le pédiatre, vont toutefois permettre aux familles d’avoir rapidement accès à des solutions de soins en libéral (psychomotriciens, ergothérapeutes, psychologues…), prises en charge par l’Assurance maladie sans frais à avancer. « En s’appuyant sur la plasticité cérébrale, l’action précoce permet d’offrir aux enfants un avenir meilleur », pointe Geneviève Laurent.