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Perturbateurs endocriniens : Santé Publique France tire la sonnette d’alarme

pollution intérieure enfant
Publié le 12/09/2019
Catherine Piraud-Rouet
Journaliste spécialisée en puériculture et éducation
Selon une étude de l’agence Santé publique France, de nombreux polluants chimiques sont présents dans l’organisme de l’ensemble de la population, et plus particulièrement des enfants.

Le 3 septembre dernier, Santé publique France a dévoilé les résultats de son premier programme national de biosurveillance, appuyés sur l’étude Esteban d’avril 2019 et visant à mesurer notre exposition à des polluants du quotidien. Le constat fait froid dans le dos : bisphénols (A, F et S), phtalates, parabènes, éthers de glycol, retardateurs de flamme bromés et composés perfluorés sont présents dans l’organisme de l’ensemble des personnes interrogées. Pour rappel, ces produits sont autant de perturbateurs endoctriniens, susceptibles de causer cancer, diabète, troubles du comportement, malformations génitales, puberté précoce ou stérilité.

Les enfants plus touchés

Fait aggravant : chez les 0 - 6 ans, on relève une imprégnation supérieure aux adultes concernant les trois bisphénols. Les principales sources d’exposition sont l’alimentation, les cosmétiques et l’aération (émanations toxiques). Hypothèse des chercheurs : les petits sont plus fréquemment en contact, par la main ou la bouche, avec des produits du quotidien à risque : jouets, peinture, poussières domestiques... Autre piste : leur faible poids corporel par rapport à leurs apports alimentaires, qui les fragiliserait.

Lancement d’une stratégie nationale

Une publication corrélée avec le lancement de la deuxième stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens par les Ministres de la Transition écologique et des Solidarités et de la Santé. Avec différents engagements. D’abord, publier, dès 2020, d’une liste de perturbateurs, au niveau européen ; lancement d’une campagne de sensibilisation grand public, et en particulier celui du site « Agir pour bébé » ; former les professionnels de santé, des collectivités et de la petite enfance aux bonnes pratiques pour limiter l’exposition aux perturbateurs. Ensuite, demander à la Commission européenne de réviser les règlements applicables aux objets du quotidien, notamment aux cosmétiques et aux jouets, afin de prendre en compte ces perturbateurs ; les données sur la contamination environnementale seront centralisées sur le portail de données ouvertes. Tertio, accélérer la recherche sur les impacts sanitaires de ces substances.

Recommandations

En attendant, il est conseillé de redoubler de vigilance afin de limiter au minimum l’exposition des enfants accueillis. Côté alimentation, cuisiner bio ; éviter emballages plastique et réchauffage des aliments dans les fours à micro-ondes ; utiliser des contenants et des couverts en inox ou en fer trempé. Pour le change, privilégier les produits de soins simples et de préférence bio, comme le liniment oléo-calcaire. Remplacer les bombes anti odeurs par des coupelles de bicarbonate en hauteur et dans les sacs poubelle. Pour le ménage, cibler les produits écolabellisés ou fabriquer soi-même ses produits d’entretien, à base de vinaigre blanc, de bicarbonate, de savon noir… Pour limiter les émanations, aérer largement et quotidiennement la totalité de son logement. Et remplacer les jouets en plastique par des matières nobles : bois, tissu, carton…