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Maltraitance infantile : des conséquences graves, qui perdurent à long terme

maltraitances infantiles
Publié le 24/10/2019
Catherine Piraud-Rouet
Journaliste spécialisée en puériculture et éducation
Un article publié le 15 octobre par Santé Publique France montre que les violences et la négligence envers les mineurs peuvent altérer à vie la santé physique et psychologique des victimes.

Alors qu’a été présentée, le 14 octobre, la stratégie nationale de prévention et de protection de l’enfance (2020-2022) par Adrien Taquet, le secrétariat d’État en charge de ce sujet, l’agence Santé publique France a publié le 15, via son Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), un numéro spécial sur les maltraitances infantiles.

La maltraitance faite aux enfants recouvre des réalités multiples : violences physiques, psychologiques, sexuelles (près de 6 % des femmes et 1,4 % des hommes), négligence, exploitation commerciale… Selon le BEH, chaque année, environ 50 000 plaintes pour violences physiques sur enfant sont déposées et 20 000 pour agressions sexuelles.

 

40 fois plus de décès chez les nourrissons maltraités

Les conséquences sur les victimes se font d’abord sentir à court terme. Les nourrissons de 1 mois à 1 an hospitalisés pour maltraitance physique correspondent à 0,24 % à 0,63 % des enfants hospitalisés de cette tranche d’âge. Les sévices et traumatismes sont tels que le taux de décès est 40 fois plus élevé par rapport aux autres enfants du même âge présentant des lésions traumatiques non intentionnelles. Par ailleurs, la fréquence des traumatismes crâniens provoqués par secouement (syndrome dit du « bébé secoué ») serait a minima de 22 pour 100 000 naissances. Ce qui concernerait, pour la période 2015-2017, entre 512 et 703 enfants de 1 à 11 mois, des garçons pour la plupart.
 

Conséquences psycho-affectives

Ces violences ont aussi souvent des conséquences à long terme. D’abord, les enfants victimes de maltraitances présentent davantage de problèmes socio-affectifs ou comportementaux : troubles dépressifs, alimentaires, anxiété, faible estime de soi, colère, idées suicidaires, agressivité, impulsivité, comportements d’opposition, violences dans les relations intimes, délinquance, consommation importante d’excitants et de stupéfiants, etc.
 

Une capacité cognitive diminuée

Des effets négatifs sur le plan neurologique et cognitif peuvent aussi se faire sentir, dès l’âge de trois ans : dégradation de la capacité d’attention, ralentissement du développement du langage, baisse des performances académiques… En cause : des modifications des systèmes neuroendocriniens et neurotransmetteurs de l’enfant, en plein développement. Des conséquences d’autant plus fortes que la maltraitance est précoce, la plasticité cérébrale est en effet maximale de 0 à 36 mois.
 

Problèmes durables de santé physique

Ces mauvais traitements ont également des répercussions sur la santé physique. Selon le BEH, on note des phénomènes de malnutrition, des problèmes de vision ou bucco-dentaires. Mais aussi l’apparition ou l’aggravation, jusqu’à l’âge adulte, de certaines maladies chroniques telles que l’asthme, les maladies cardio-respiratoires ou le diabète.
 

Renforcer les moyens d’alerte et d’action

Le BEH conclut que, si ces données sont à interpréter avec prudence, il est important d’agir en amont, le plus tôt possible. L’écueil principal tenant à la difficulté, pour la plupart des pays, à disposer d’un système de données fiable et exhaustif sur le sujet. C’est aussi le cas en France. C’est pourquoi, parmi les trente mesures présentées dans la stratégie de prévention et de protection de l’enfance, est prévu le renforcement des moyens des cellules de recueil et d’informations préoccupantes, en accentuant la pluridisciplinarité.