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Loi protection de l’enfance : pas encore le grand soir pour les assistants familiaux

Loi protection de l’enfance : pas encore le grand soir pour les assistants familiaux
Publié le 28/01/2022
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Après l’adoption définitive mardi par l’Assemblée nationale du projet de loi sur la protection des enfants, les représentants associatifs demandent plus de moyens face au manque d’attractivité de la profession

« Malheureusement avec ce projet de loi nous avons accouché d’une souris, ce n’est pas lui qui arrêtera le départ des assistants familiaux » réagit Annick Moine, présidente de la FNAF. En cause, selon elle, une protection insuffisante des professionnels par les institutions. « En 2021 nous avons accompagné 400 contentieux d’assistants familiaux avec leurs employeurs, nous en avons gagné 130 et seuls trois professionnels ont perdu leur agrément », poursuit-elle.

Elle voit dans les dénonciations calomnieuses un fléau pour la profession. « Aujourd’hui si vous avez un contentieux avec votre voisin parce que votre haie est trop haute, il suffit qu’il appelle le Conseil départemental pour vous dénoncer et on vous retire l’agrément » dénonce-t-elle.

Énormes disparités

De son côté l’Anamaaf salue « l’avancée » de la rémunération du SMIC au premier accueil, mais s’interroge sur celle du 2ème et du 3ème accueil. « Et il reste beaucoup à faire tant les disparités entre les départements sont immenses sur l’argent de poche versé aux enfants et sur les indemnités de sujétion, dont le taux peut varier de plus de 40 % selon les collectivités » explique Marie-Noëlle Petitgas, présidente.

Problème : il n’existe aucune visibilité sur ces données en France, aucun recensement précis, ce qui permet d’échapper à une mise en lumière nécessaire. « Les enfants qui nous sont confiés aujourd’hui ont des profils plus complexes que par le passé, notre métier évolue et pour lui redonner ses lettres de noblesse il faut mettre les moyens » insiste-t-elle. Quid des dispositions réglementaires de la loi, qui doivent être discutées avec le gouvernement ? Pour l’heure, en cette période électorale, c’est le calme plat.
 

Crise sans précédent

Dans un récent communiqué, la fédération des associations de protection de l’enfance (Cnape) alerte sur « la crise d’attractivité sans précédent » des métiers de la protection de l’enfance, « qui ne permet plus d’assurer les missions d’accompagnement et de protection dans le respect des droits des personnes accompagnées, des exigences de qualité et de sécurité ». Dans ce contexte, comment va s’appliquer cette nouvelle loi ? « Le dispositif de protection de l’enfance ne pourra être amélioré sans une réelle impulsion nationale et locale, un accompagnement des professionnels et les moyens nécessaires pour sa mise en œuvre » insiste la Cnape.