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Le SNPPE alerte sur « l’effondrement de l’accueil individuel »

Le SNPPE alerte sur « l’effondrement de l’accueil individuel »
Publié le 17/02/2022
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Dans sa note destinée à abonder les travaux du CESE sur le service public de la petite enfance, le jeune syndicat plaide pour un financement unique pour l’ensemble du secteur.

« Il devient urgent de s’attaquer à l’effondrement de l’accueil individuel car les collectivités territoriales ne pourront pas y faire face dans un contexte caractérisé par d’importants départs à la retraite, et d’une pénurie de professionnel·le·s dans les deux champs de l’accueil de la petite enfance » indique dans sa note le Syndicat national des professionnels de la petite enfance. 

Il rappelle au Conseil économique social et environnemental (CESE), saisi par le premier ministre d’une mission sur la création d’un service public de la petite enfance, que ce constat d’érosion « est très bien décrit » dans le rapport sur l’évaluation du crédit d’impôt famille publié dans la plus grande discrétion à l’automne dernier.

Des RPE en barrages filtrants

Autres constats relevés par le syndicat :

- la transformation des Relais d’assistantes maternelles en Relais petite enfance (Rpe), dont la mission de guichet unique est déjà ressentie par endroits « comme un barrage et non comme un accompagnement », en « déshumanisant le premier contact » avec les jeunes parents.

- la nécessité de transformer le congé maternité en « congé famille, parentalité ou encore infantile », partagé entre les deux parents sur la première année de vie de l’enfant « avec un maintien de revenus décent, n’obligeant plus les parents à réfléchir uniquement en logique économique, sacrifiant ainsi systématiquement le revenu le plus faible qui est celui des femmes ».
 

« Profit scandaleux »

Le SNPPE dénonce également les lourdeurs du financement collectif de l’accueil du jeune enfant qui conduisent les collectivités territoriales à se désengager de la gestion directe au profit du secteur privé lucratif.

« Cette marchandisation permet, pour certains groupes, un profit scandaleux (au détriment de la qualité de la prise en charge des publics et des conditions de travail des professionnel.le.s) sur des fonds essentiellement publics via le système PAJE (Prestation d’accueil du jeune enfant) » écrit le syndicat. Au-delà du profit, cette situation nuit à la mixité sociale dans les établissements financés par la PAJE, inaccessibles aux plus modestes.
 

Reste à charge nul

Alors, un service public de la petite enfance, oui, mais à plusieurs conditions, estime le SNPPE.

D’abord permettre la qualité d’accueil, ce qui passe inévitablement par un soutien aux professionnelles, sinon comment « être bienveillant envers les enfants si les professionnel·le·s ne sont pas respectés eux-mêmes » ? 

Ensuite en unifiant le système de financement « commun à toutes les modalités individuelles ou collectives d’accueil des jeunes enfants, avec un reste à charge nul pour les familles et d’un usage encadré et contrôlé ». En écartant les financements annexes ou par appel à projets, comme dans le cadre du Plan pauvreté, « qui sont déjà en train de détruire le secteur social, médico-social et socio-culturel » au profit là aussi d’un financement unique et contractualisé.

Enfin en définissant « clairement » le périmètre de la compétence Petite enfance, encadré par un ministère de plein exercice «  afin que plus jamais un Secrétaire d’Etat ne puisse se défausser de ses responsabilités » tacle le SNPPE.