Vous êtes ici

La crise sanitaire met la natalité en berne.

La crise sanitaire met la natalité en berne.
Publié le 29/01/2021
Catherine Piraud-Rouet
Journaliste spécialisée en puériculture et éducation
Le bilan démographique de l’INSEE pour 2020 fait état d’une baisse inédite de la natalité en France. En cause, les répercussions de la crise sanitaire sur les plans économique et psychologique notamment. Avec, en ligne de fond, pour la profession, des conséquences négatives à craindre sur l'employabilité…

Le bilan démographique 2020 de l’INSEE (Institut national de la Statistique et des Etudes Economiques), publié le 19 janvier dernier, confirme un constat déjà unanime, ces derniers mois, au sein des maternités françaises. Le recul des naissances entamé depuis une décennie s'accélère, avec une baisse de la natalité de 1,8 %, contre 0,7 % en 2019. En 2020, les femmes ont eu en moyenne 1,84 enfant, contre 1,86 l’année précédente. Avec 740 000 bébés ayant poussé leur premier cri l’an passé, le nombre de naissances en France est à son plus bas niveau depuis 1945.
 

Baisse inédite du nombre de naissances en 2020, accentuée en ce début 2021

Le Covid va-t-il provoquer une crise démographique ? Le recul est encore insuffisant pour estimer vraiment l’ampleur de ce recul, à l’échelle nationale comme mondiale. Mais les remontées du terrain enfoncent encore le clou. Les maternités françaises relèvent une baisse de 5 à 7 % des naissances entre décembre 2019 et décembre 2020. Et le début 2021 semble encore largement marquer le pas. Ainsi, selon France Info, sur la première quinzaine de janvier, les accouchements ont chuté d'environ 35 % au CHRU de Nancy, de 29 % au CHU de Nantes et d'environ 27 % au centre hospitalier de Saint-Denis par rapport à la même période en 2020. 
 

Des projections inquiétantes

Les projections sont à l’avenant. Selon une étude italienne menée au printemps 2020 auprès de jeunes Européens, dont des Français, 51 % de ces derniers qui avaient entamé l'année avec un éventuel « projet bébé » déclaraient avoir finalement reporté l'échéance et 17 % disaient y avoir renoncé.

Un phénomène courant en temps de crise

Selon les chercheurs, cette inhibition est courante en temps de crise. « Depuis des décennies, on observe que les chocs économiques dans les pays développés bouleversent le calendrier des naissances, explique Gilles Pison, chercheur associé à l'Institut national d'études démographiques (Ined), cité par France Info. Les couples reportent leurs projets d'enfants, ce qui réduit les naissances pendant environ deux ans, avant un fréquent rattrapage par la suite. »
 

Des causes diverses à ces reports de « projets bébé »

→ Plusieurs raisons psychologiques.

En tête de celles-ci, on trouve sans doute le retentissement économique de la crise. La perspective de la perte d'un emploi ou la crainte du chômage pesant lourdement sur la décision de fonder ou d'agrandir sa famille.

Par ailleurs, le stress lié aux restrictions sanitaires et à l’incertitude du lendemain semble avoir affecté négativement la libido. Dans un sondage Ifop réalisé fin avril, les Français en couple ont déclaré avoir eu moins de rapports sexuels que d'ordinaire durant le confinement.

→ Les effets des restrictions sanitaires.

Confinements et couvre-feux ont limité drastiquement les occasions de rencontres, ce qui a pu retarder les mises en couple et donc les projets familiaux. Lesquels ont également pu être grevés par le report de nombreux mariages.

Même chute pour des milliers de projets de grossesse, depuis le printemps 2020, du fait de la fermeture des centres d'assistance médicale à la procréation

→ Des raisons sanitaires

Des études internationales convergentes laissent entrevoir de possibles effets du virus sur la fertilité masculine.
 

Le volume de contrats à venir sur la sellette

Autant de signaux négatifs qui amènent à craindre une diminution des contrats pour les assistantes maternelles dans les prochains mois. Une chute de la natalité dont l’effet pourrait encore être aggravé par l’essor du télétravail et les pertes d’emploi. Lesquels pousseraient les parents à limiter l’amplitude de leurs gardes d’enfants. A la clé, de potentielles difficultés inédites pour le secteur. A suivre donc…