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Infections respiratoires des nourrissons : attention au risque de résurgence

Infections respiratoires des nourrissons : attention au risque de résurgence
Publié le 03/09/2021
Catherine Piraud-Rouet
Journaliste spécialisée en puériculture et éducation
L’hiver dernier, le renforcement des gestes barrières a fait chuter le taux d’infections respiratoires, comme le VRS, notamment chez les tout-petits. Mais ces dernières semaines, avec l’allègement des mesures, les contaminations ont remonté en flèche dans certains pays. Faut-il craindre une résurgence de ces virus en France pour la fin de l’année ?

Depuis plus d’un an, en France comme dans les autres pays occidentaux, l’application des mesures barrières pour limiter la pandémie de Covid-19 a entraîné une baisse drastique de la transmission d’autres agents pathogènes, virus et bactéries. Avec à la clé, chez les tout-petits, une chute du nombre de cas d’infections respiratoires, comme la grippe ou le virus respiratoire syncytial (VRS). Le VRS est notamment responsable, chez les moins de 2 ans, de cas de bronchiolite.
 

Une saison 2020-2021 bien plus clémente sur le front des infections

Selon le Bulletin épidémiologique bronchiolite 2020-2021, publié le 12 août dernier par Santé Publique France. « En France métropolitaine, l’épidémie de bronchiolite 2020-21 a commencé début février pour atteindre le pic la première semaine d’avril et s’est achevée la deuxième semaine de juin. Sa durée a été de 15 semaines, comparable à la saison précédente, avec cependant un décalage et un pic atteint 13 semaines plus tard que celui de la précédente saison. » Le VRS est en effet habituellement plutôt saisonnier, avec des épidémies débutant en novembre-décembre et disparaissant à l’arrivée du printemps. Selon Santé Publique France, l’épidémie « a été d’une amplitude très inférieure à celle de la saison précédente. » La proportion d’hospitalisations pour bronchiolite étant toutefois comparable aux dernières saisons. 

Une résurgence des cas cet été en Australie et aux Etats-Unis

Or, depuis quelques semaines, alors que les mesures de distanciation physique contre le COVID-19 s’assouplissent, on constate une résurgence de ces infections respiratoires sur divers points du globe. Une étude d’une équipe de virologues et de pédiatres de l’Université de Colombie Britannique (Canada), publiée le 26 juillet dernier dans le Canadian Medical Association Journal, confirme la forte augmentation des cas de VRS en Australie et, plus récemment, aux États-Unis.

En Australie, le nombre de cas de bronchiolite s'est envolé fin octobre 2020, pour atteindre un pic début 2021, en plein cœur de l'été austral. Dans l'ouest du pays,l'intensité de ce pic a même été plus de 2,5 fois supérieure à celle observée habituellement. Avec un âge moyen des enfants infectés supérieur à l'âge habituel de survenue de la bronchiolite (18,4 mois contre 10 mois)et des symptômes proches de ceux de la Covid-19. Tandis qu’aux États-Unis, le 10 juin 2021, les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) ont publié un document alertant les professionnels de santé sur une augmentation significative (+ 160 %, par exemple, à Houston, au Texas) du nombre de cas de bronchiolites dans les États du sud.
 

Un risque accru de sensibilité aux infections, hors même période saisonnière

Les chercheurs canadiens alertent : « La résurgence hors saison des virus respiratoires saisonniers constitue désormais une menace possible pour les nourrissons vulnérables ». Cette résurgence pourrait être d’autant plus forte que « chez les enfants, particulièrement exposés aux infections virales pendant les premières années de vie, l’« entraînement » de l’immunité innée (…) a un rôle dans le développement et l’efficacité du système immunitaire. Cette « dette immunitaire » pourrait ainsi être à l’origine d’une plus grande sensibilité aux infections », relève un article de La Revue du Praticien en date du 6 juillet dernier.
 

Un nécessaire maintien des mesures de prévention

En France, pour cet été, l’explosion des cas de VRS, un moment redoutée, n’a pas eu lieu. Toutefois, la vigilance reste de mise. En l’absence de vaccin contre le VRS (seuls des tests antigéniques sont possibles, via l’analyse des secrétions nasales), une stricte observance des mesures de prévention apparaît comme la première arme contre les infections. Il convient donc de continuer à se livrer au lavage répété des mains, assorti des mesures d'hygiène de base. La délivrance aux nourrissons de traitements préventifs est également recommandée.