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Impact du confinement sur les enfants : le Ministère de la Santé lance deux pistes d’étude

Impact du confinement sur les enfants : le Ministère de la Santé lance deux pistes d’étude
Publié le 26/04/2021
Catherine Piraud-Rouet
Journaliste spécialisée en puériculture et éducation
Le Ministère de la Santé et des Solidarités a émis ce mois-ci deux publications traitant de l’impact des confinements sur la santé des enfants. Primo, des recommandations de dépistage, notamment à l’attention des professionnels de la petite enfance. Secundo, le lancement d’une enquête de santé publique pour le printemps 2022.

Les confinements successifs drainent un ensemble de difficultés économiques, sociales et psychologiques pour les adultes. Mais quels sont les signaux à repérer de ces impacts négatifs sur la santé mentale et psychique des enfants, et comment y remédier ?

Deux questions auxquelles le Ministère de la Santé et des Solidarités s’est attelé à répondre, via la publication de deux documents ce mois-ci. Le premier, daté du 2 avril, édite une série de recommandations, à l’attention notamment des professionnels de la petite enfance, pour « Repérer les impacts de la crise sanitaire sur la santé des enfants ». Le second, en date du 16 avril, annonce le lancement d’une Enquête nationale sur la santé mentale des jeunes enfants au printemps 2022, visant à produire des indicateurs de santé mentale chez les 3 - 11 ans en France métropolitaine et dans les DROM.
 

Les enfants, victimes collatérales de la crise sanitaire

Dans un avis publié le 17 avril 2020, le Haut conseil de la santé publique (HCSP) a mis en évidence les conséquences de la crise sanitaire sur la santé des enfants : troubles psychologiques et de santé mentale, difficultés d’apprentissage, risques de maltraitance, accidents domestiques, effets de la sédentarité, exposition accrue aux écrans, troubles du sommeil. Sans compter les risques de retard dans l’accès aux soins et de relâchement du suivi préventif. Par ailleurs, les conséquences économiques de la crise, en aggravant la pauvreté des familles, ont pu amplifier les inégalités sociales de santé.

Une grille de lecture pour les professionnels de la petite enfance

Afin de repérer ces troubles et pouvoir agir aussi vite que possible, le Ministère a élaboré deux grilles : une pour les professionnels de santé et une pour les autres professionnels en contact avec l’enfant, dont ceux de la petite enfance. La grille donne un faisceau d’indices de souffrance en vue de ce repérage : difficultés dans les apprentissages, tristesse, anxiété, repli sur soi, agressivité, troubles du sommeil, modifications des comportements et des habitudes alimentaires, addictions… Certains de ces symptômes pouvant aussi être le fait des parents. Sans oublier les signes divers évoquant des violences physiques ou psychologiques sur l’enfant. Face à des indices concordants de cette souffrance, le Ministère appelle les personnes concernées à conseiller aux parents de prendre l’avis d’un professionnel de santé.
 

Une Enquête nationale sur la santé mentale des jeunes enfants

Mais pour être vraiment efficace, cette action doit se doubler d’une réelle vision prospective. Or, les données sur la santé mentale des moins de 11 ans sont manquantes ou très parcellaires. C’est pourquoi, au printemps 2022, une enquête visant à produire des indicateurs de santé mentale chez ces publics, partout sur le territoire, sera lancée par Santé publique France.
 

Des objectifs quadruples

L’enquête vise quatre buts :

→ estimer la prévalence des indicateurs de santé mentale positive ou « bien-être », équivalent de la qualité de vie ;

→ estimer la prévalence des différents troubles de santé mentale, y compris les troubles des apprentissages ;

→ décrire les facteurs de risque et protecteurs associés, y compris les déterminants sociaux ;

→ évaluer le retentissement de ces troubles sur d’autres domaines en lien avec la santé.
 

Deux instances de gouvernance

L’étude inclura les enfants scolarisés dans l’enseignement primaire ordinaire (de la PSM au CM2), public et privé sous contrat. Elle sera lancée au printemps 2022 et co-dirigée par un comité scientifique composé de pédopsychiatres, psychologues, médecins et spécialistes du développement de l’enfant et par un comité de pilotage composé de représentants des Ministères de la Santé et de l’Education nationale, ainsi que des représentants de la société civile (en particulier parents d’élèves et enseignants). Avec, dans un premier temps, des éditions à 2 ou 3 ans d’intervalle, puis avec une fréquence encore à déterminer.