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Des substances chimiques dans l’alimentation des bébés

aliments pour bébés
Publié le 26/11/2019
Catherine Piraud-Rouet
Journaliste spécialisée en puériculture et éducation
Selon une enquête américaine publiée fin octobre, 95 % des aliments pour bébés testés contiennent un ou plusieurs produits chimiques toxiques, à commencer par des métaux lourds. La France n’est pas épargnée : ces conclusions corroborent une étude de l’ANSES publiée fin 2018.

Une enquête menée aux États-Unis par l’association Healthy Babies Bright Future et publiée fin octobre révèle que 95 % des 168 aliments pour bébés testés contiennent un ou plusieurs produits chimiques toxiques. 95 % d’entre eux sont porteurs de plomb, 75 % de cadmium, 73 % d’arsenic et 32 % de mercure. Des métaux lourds dont de nombreuses études scientifiques ont démontré les effets néfastes sur le bon développement du cerveau de l’enfant : baisse de QI, déficit de l’attention, troubles d’apprentissage et de comportement… En outre, trois des métaux détectés (arsenic, plomb et cadmium) sont cancérogènes pour l’être humain.
 

Les aliments à base de riz sur la sellette

Les aliments les plus en cause : ceux à base de riz (très courant sur ce rayon), dans lesquels a été repérée la présence d’arsenic inorganique, la forme la plus toxique de l’arsenic. Mais aussi les jus de fruit, les carottes et les patates douces. Leur contamination par ces métaux toxiques étant liée à la pollution de l’environnement : les cultures de riz par exemple, les absorbent via le sol et l’eau.

Cette étude anxiogène corrobore une étude de l’ANSES (Agence nationale de sécurité de l’alimentation) de 2016, rendue publique le 28 novembre 2018 et retraçant les travaux menés de 2012 à 2016, dans le cadre de l’étude de l’Alimentation Totale infantile (EATi), premier travail de cette ampleur permettant d’estimer l’exposition alimentaire des enfants de moins de 3 ans non allaités. L’Agence s’est intéressée à la composition de 97 % des aliments consommées régulièrement par les tout-petits, soit plus de 5 400 produits.
 

ANSES : 16 substances contaminantes relevées

L’étude révèle une bonne maîtrise globale du risque sanitaire, qui peut être écarté pour 90 % des substances évaluées. Mais elle tire aussi la sonnette d’alarme sur la présence potentielle de 16 contaminants chimiques dans les aliments. D’abord, neuf substances pour lesquelles un nombre non négligeable d’enfants présente une exposition supérieure aux valeurs toxicologiques de référence. C’est le cas de l’arsenic inorganique (là encore, retrouvé dans du riz et certaines céréales infantiles), du plomb (dans les légumes et l’eau), du nickel (dans les produits à base de chocolat), des PCDD/F (dioxines), des PCB (polychlorobiphényles, des polluants organiques persistants), des mycotoxines T-2 & HT-2, de l’acrylamide, du déoxynivalénol et ses dérivés, ainsi que du furane. Le risque ne pouvant être écarté pour sept autres : aluminium, cobalt, strontium, méthylmercure, élénium, cadmium et génistéine (pour les consommateurs de soja).
 

Laits, compotes et purées tirent leur épingle du jeu

Ces alertes ne concernent toutefois pas (heureusement) la totalité des produits d’alimentation pour bébés. En témoigne une étude du magazine « 60 millions de consommateurs » de mai 2019, qui a passé au crible une vingtaine de classiques : laits infantiles, compotes de pommes (pot en verre, en plastique ou en gourde) et purées de carottes. Dans chaque famille, huit produits ont été étudiés, bio pour la majorité. Sur chaque produit, la rédaction a vérifié la présence de pesticides, de patuline (une toxine issue d’une moisissure souvent retrouvée sur la pomme), ainsi que la composition (nombre d’ingrédients, additifs et quantité de fruits et légumes).

Sur ces catégories, le résultat est plutôt positif. Aucune trace de patuline n’a été retrouvée et les listes d’ingrédients sont « extrêmement courtes », avec de la pomme dans près de 100 % du contenu des compotes, parfois de la vitamine C ou du jus de citron en sus. Le taux de métaux lourds reste « en deçà des limites réglementaires », selon le magazine. « Après l’affaire Lactalis, il est parfois difficile de faire le tri entre les laits infantiles, destinés aux nourrissons et jeunes enfants. Bonne nouvelle : les trente produits de ce test s’en sortent globalement bien, même si certains ont encore quelques progrès à faire », est-il noté.