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Des perturbateurs endocriniens nocifs pour dents des enfants

Des perturbateurs endocriniens nocifs pour dents des enfants
Publié le 08/07/2022
Catherine Piraud-Rouet
Journaliste spécialisée en puériculture et éducation
Selon une récente étude scientifique, le DEHP, phtalate réglementé, mais encore présent dans les contenants alimentaires et certains dispositifs médicaux, notamment en néonatologie, nuirait au bon développement de l’émail dentaire.

Ils avaient déjà mis en évidence les effets délétères de certains perturbateurs endocriniens, comme le bisphénol A, sur la constitution de l’email des dents des enfants. Dans une récente étude, publiée le 22 juin dernier dans la revue Environmental Health Perspectives, des scientifiques français incriminent aussi ouvertement le DEHP (Di(2-ethylhexyl) phtalate).
 

Un phtalate encore présent dans des produits concernant des tout-petits

L’utilisation du DEHP est fortement réglementée. Notamment par un règlement de la Commission européenne du 23 novembre 2021, qui impose désormais que certains usages précédemment exemptés doivent faire l’objet d’une autorisation, dont « les dispositifs médicaux et les matériaux en contact avec les aliments comportant du DEHP ». Toutefois, on retrouve encore ce phtalate dans les contenants alimentaires et certains dispositifs médicaux, tels que les équipements des unités de soins intensifs en néonatologie.

Une étude française portant sur des souris

Une équipe de chercheurs de l’Inserm, d’Université Paris Cité et de Sorbonne Université, au sein du Centre de Recherche des Cordeliers à Paris, en collaboration avec le CNRS, s’est penchée sur les effets du DEPH sur l’émail dentaire, subodoré d’être un marqueur d’exposition aux substances toxiques présentes dans l’environnement.

Pour ce faire, ils ont mené une étude chez la souris, en observant les effets d’une exposition journalière au DEHP, à faibles doses (5 microgrammes/kilo/jour : niveau d’exposition quotidienne estimée d’un enfant au DEHP) et à doses plus élevées (50 microgrammes/kilo/jour : niveau d’exposition chez les patients hospitalisés sous perfusion ou dialyse, par exemple).
 

Les dangers du DEPH sur l’émail dentaire confirmés

Après 12 semaines d’exposition, les dents de souris exposées quotidiennement à de faibles doses de cette substance présentent des défauts à l’importance corrélée à la dose d’exposition et au sexe de l’animal. Les mâles étant plus susceptibles de développer des altérations dentaires que les femelles.

Ces données expérimentales devront être consolidées mais suggèrent que le DEHP, comme le bisphénol A, pourrait contribuer aux pathologies hypominéralisantes de l’émail des dents des enfants. « On sait que la période périnatale et les premières années de la vie après la naissance sont déterminantes pour le développement de l’enfant et la santé de l’adulte qu’il deviendra. L’émail dentaire pourrait être le reflet très précoce des conditions environnementales des individus à ce moment de la vie », explique Sylvie Babajko, directrice de recherche à l’Inserm et dernière auteure de l’étude.

Prochaine étape pour l’équipe : comprendre les effets de combinaisons de différentes classes de molécules – ou « effets cocktails » – sur la santé dentaire.
 

Adapter son mode de vie pour éviter les perturbateurs endocriniens

Pour rappel, les perturbateurs endocriniens grèveraient aussi le développement hormonal et neurologique des jeunes enfants. En attendant, pour lutter contre ces dangers d’autant plus grands qu’invisibles, quelques conseils de bon sens sont de mise.

- Préférer les contenants en verre (tasses, biberons) aux contenants plastiques.

- Limiter les aliments sous emballages plastiques et préférer les poêles en inox à celles non adhésives pour cuisiner.

- Privilégier les produits cosmétiques les plus simples et naturels (liste d’ingrédients courte) et ceux porteurs d’un label reconnu, bio dans l’idéal.