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Crèches Avip : positives pour l’accueil, à revoir sur l’insertion

Publié le 28/09/2022
Laetitia Delhon
Journaliste spécialisée dans le travail social et médico-social, la petite enfance et le handicap
Selon une étude de la Cnaf publiée lundi, ces crèches censées favoriser l’insertion professionnelle des parents n’atteignent pas leurs objectifs. Y associer les assistantes maternelles figure parmi les pistes de réflexion.

Lancées en 2016, les crèches portant le label « à vocation d’insertion professionnelle » doivent réserver au moins 20 % de leurs places aux parents en recherche d’emploi, alors que les familles dont les deux parents travaillent sont souvent priorisées en accueil collectif. Le dispositif vise les familles résidant en quartier prioritaire de la ville et les familles monoparentales, qui bénéficient d’une place d’accueil pendant un an et au moins 10 heures par semaine, pendant leur recherche d’emploi pour laquelle ils sont accompagnés par des conseillers de Pôle emploi.

En juin 2021, 262 crèches labellisées Avip étaient recensées dans 33 départements, selon cette étude.

Positif pour les enfants

Mais les effets du label sont avant tout positifs sur l’accueil des enfants, avec des parents qui relèvent les bénéfices « pour le développement de leur enfant, leur bien-être et le soutien à la parentalité ». S’agissant de l’accès à l’emploi, les bénéfices sont « plus nuancés » relève l’étude. Certes, dans plus de la moitié des cas, 34 % des parents ont trouvé un emploi, 19 % suivent une formation et la plupart des parents, essentiellement les mères, « le dispositif permet un renforcement du travail autour de leur projet professionnel et un gain de confiance en eux ». 

Mais ces parents peu diplômés, qui occupent souvent des emplois aux horaires atypiques et à temps partiel, avec « des conditions de travail difficiles, de faibles niveaux de rémunération et des contrats précaires », peinent à s’insérer durablement et de manière sécure sur le marché du travail. Ainsi, plus de quatre parents sur dix qui avaient un emploi au moment de la première enquête téléphonique n’en n’ont plus six mois après.
 

Mauvaise réponse aux besoins

Aussi le constat est clair : « le dispositif ne répond pas à l’ensemble des besoins de modes de garde de ces publics » tranche l’étude. Les durées d’accueil majoritairement longues (quatre ou cinq jours par semaine) ne correspondent pas aux souhaits des parents toujours en recherche d’emploi et désireux d’un accueil plus ponctuel. Il faut donc revoir la copie, ce qui est plus simple à dire qu’à faire car cela nécessiterait « un effort important en termes d’outillage des crèches pour une « micro-gestion » des places et d’adaptation des pratiques d’accueil ».
 

Recourir à l’accueil individuel ?

Autre piste : mieux articuler ces places avec le reste de l’offre sur les territoires, soit avec des crèches spécialisées pour ces publics combinées à d’autres crèches « classiques », ou des assistantes maternelles, pour créer des accueils pérennes, soit en définissant un objectif commun en matière d’accueil de publics fragiles « pour l’ensemble des crèches d’un territoire », en lien avec les collectivités locales.