Vous êtes ici

Aliments pour enfants : un bilan nutritionnel « déplorable »

Nutri-score
Publié le 06/12/2019
Catherine Piraud-Rouet
Journaliste spécialisée en puériculture et éducation
Face au bilan nutritionnel « déplorable » de certains aliments destinés aux enfants, l’UFC-Que Choisir plaide pour rendre obligatoire le Nutri-Score, qui n’est présent que sur 5 % des produits,

Deux ans après son introduction officielle, le Nutri-Score (un logo notant les aliments de A à E, allant du vert au rouge, en fonction de leur qualité nutritionnelle) n’est toujours présent que sur 5 % des produits. En cause, la législation européenne, qui rend cet étiquetage optionnel. Et ce, alors que 82 % des consommateurs n’arrivent pas à lire le complexe tableau d’analyse nutritionnelle obligatoire.
 

Une trentaine de produits passés au crible

Dans une étude publiée le 26 novembre, l’Union française des consommateurs – Que Choisir a passé au crible une trentaine d’aliments industriels et boissons de grandes marques destinés aux enfants parmi les plus vendus, à partir des données de l’Observatoire de la Qualité des Aliments (Oqali). Le bilan nutritionnel mis en lumière par l’association de consommateurs est « déplorable » : à rebours des recommandations officielles, trop d’industriels continuent à saturer leurs produits de sucres et de matières grasses. Les tests se divisent en trois catégories de produits.

Les céréales.
L’association a testé 9 marques. À l’exception notable des « Nesquik au blé complet » de Nestlé (notée Nutri-Score « B »), les produits phares du petit déjeuner des enfants sont des bombes caloriques. Les « Chocapic » et « Lion » de Nestlé et « Coco Pops » de Kellogg’s sont ainsi notées « C ». Les biscuits Prince de LU-Mondelez, les céréales « Frosties » et « Trésor » de Kellogg’s écopent d’un « D ». Soit le même score qu’un croissant au beurre. Derniers du peloton : les « BN p’tit dèj », qui écopent d’un Nutri-Score « E », équivalent à celui des gaufres fourrées au sucre.

Les goûters.
11 produits ont été passés au banc d’essai. Seules les compotes « St Mamet » et « Pom’potes » (la seule marque dont les fabricants ont indiqué d’eux-mêmes le Nutri-Score) sont classées « A » par l’association. Les gâteaux « Lulu l’ourson au chocolat » et « Savane au chocolat » de Brossard, se voient attribuer un score « D », de même que les biscuits « Prince » de Lu-Mondelez et les barres céréalières « Chocapic » et « Nesquik » de Nestlé. La palme du désastre nutritionnel étant décerné aux crêpes fourrées au chocolat « Whaou », aux barres « Prince », aux « Dinosaurus » de Lotus et aux « Pépitos pockitos » au chocolat de Lu-Mondelez qui reçoivent un « E ». « Les Pépitos se révèlent particulièrement caloriques car le sucre et les matières grasses représentent deux tiers de leur poids », relève l’association.

Les boissons
Sur 10 boissons analysées, seule Vittel (Nestlé) récolte un Nutri-Score « A ». En revanche, toutes les autres boissons de l’échantillon se révèlent mal classées sur le plan nutritionnel du fait de leurs teneurs élevées en sucre. Sont ainsi classés « D » « Fruit shoot tropical », « Fruit shoot fruits rouges » de Teisseire et « Heroic Kids framboise cassis ». L’association dénonce « l’instrumentalisation de l’image des fruits sur les emballages », notamment pour « Oasis » et « Capri-Sun ». « Alors que le véritable jus d’orange est étiqueté « C », ces boissons sucrées n’incorporent que 12 % de jus d’orange ou d’agrumes et écopent du Nutri-Score « E » en raison de l’ajout de sucre », pointe-t-elle.
 

Une pétition pour rendre le Nutri-Score obligatoire

L’UFC-Que Choisir souligne que le Nutri-Score permet de faire comprendre en un clin d’œil la mauvaise qualité nutritionnelle des aliments. « S’il était affiché, les parents écarteraient beaucoup de ces produits », souligne-t-elle. L’association rappelle que près d’un enfant sur cinq est touché par l’obésité ou le surpoids. C’est pourquoi elle invite les consommateurs à signer la pétition d’initiative citoyenne européenne lancée par ses soins en mai, www.pronutriscore.org, pour obliger les instances européennes à rendre l’affichage du Nutri-Score obligatoire dans toute l’Union.

En attendant une évolution de la législation, mieux vaut proscrire au maximum les aliments ultra-transformés pour les enfants et privilégier des petits déjeuners et des en-cas sains et/ou faits maison.