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Accueil individuel : recul et désamour

statistiques assistantes maternelles
Publié le 28/03/2019
Selon le rapport 2018 de l’Observatoire national de la petite enfance (Onape) publié hier, le nombre de professionnelles, soumises à plusieurs formes de « jugement social » défavorable, continue de reculer.

En 2017, 1,06 millions d’employeurs ont eu recours à 318 800 assistantes maternelles, soit 9 500 professionnelles de moins qu’en 2016.

Parallèlement, le nombre de familles bénéficiaires du Complément mode de garde (CMG) de la Prestation d’accueil du jeune enfant (PAJE) a diminué de 5,5 % entre 2012 et 2017, soit environ 43 000 bénéficiaires en moins sur cette période.

La capacité théorique d’accueil chez les assistantes maternelles augmente toutefois très légèrement en 2016 pour s’établir à 33,4 places potentielles pour 100 enfants de moins de trois ans. Car la diminution de l’offre d’accueil individuel « est plus que compensée par la baisse démographique de près de 1,8 % des enfants âgés de moins de trois ans ». En 2017, le nombre de naissances baisse pour la troisième année consécutive, avec 770 000 bébés soit 14 000 de moins qu’en 2016.

Selon le document, le reste à charge pour les parents en cas de recours à une assistante maternelle diminue en 2018 par rapport à 2017, en raison de la baisse du salaire médian des professionnelles alors que les revenus des parents ont progressé.

Pour les finances publiques le coût total de l’accueil individuel est le moins élevé de tous les modes d’accueil, quelque soit le niveau de revenus des familles. Ainsi, pour un foyer disposant de revenus mensuels composés de deux SMIC, le coût pour les finances publiques s’établit à 846 euros chez une assistante maternelle, contre 1032 euros pour une garde à domicile partagée et 1419 euros pour une crèche relevant de la Prestation de service unique (PSU).

Le document évoque également la « perception hierachisée » des modes d’accueil par les parents : sans surprise, les assistantes maternelles sortent perdantes par rapport aux structures collectives. Reprenant les résultats d’une recherche publiée en 2017, le rapport de l’Onape montre qu’au-delà des vertus de l’accueil collectif mises en avant par les parents, plusieurs formes de « jugement social » sont portés sur les assistantes maternelles.

De la présomption d’une « incompétence de classe » par les parents issus de la classe moyenne supérieure, au « rejet plus radical » de la part des classes moyennes, il est ainsi surprenant de lire que pour certains parents enquêtés les professionnelles sont « soupçonnées de gagner de l’argent plus ou moins facile en restant entre quatre murs ». Ou encore que de nombreux parents reprennent à leur compte des rumeurs sur les assistantes maternelles qui, « hors de tout contrôle, s’affranchiraient des règles élémentaires d’hygiène et de sécurité ou maltraiteraient les enfants dont elles ont la garde ».

Selon le rapport, un élément commun relie ces différents jugements sociaux : « une forme d’agacement moral face à la situation de l’assistante maternelle qui, malgré sa position socialement et professionnellement dominée, est en mesure de renverser le rapport de forces employeurs/employées puisqu’elle travaille seule et s’occupe des enfants « à sa guise ».

Références :

► ONAPE, L’accueil du jeune enfant en 2017, Rapport 2018, mars 2019

► Marie Cartier, Anaïs Collet, Estelle Czerny, Pierre Gilbert, Marie-Hélène Lechien, Sylvie Monchatre, « Pourquoi les parents préfèrent-ils la crèche ? Les représentations hiérarchisées des modes de garde professionnels », Revue française des affaires sociales